La crainte pour la souveraineté de la Tunisie est artificielle. Le Qatar n'est pas une puissance qui dispose de bâtiments de guerre pour occuper la Tunisie. C'est ce qu'a précisé M. Rafik Abdessalem, ministre des Affaires étrangères. Pour le journaliste Tawfik Ben Brik, la présence de l'émir du Qatar à l'occasion de la célébration du premier anniversaire de la Révolution n'a fait qu'alimenter de nouveau la polémique concernant une éventuelle ingérence du Qatar… Le Qatar influence-t-il vraiment la Tunisie ? Certains ont évoqué ce sujet. Il y a des réserves autour de la relation actuelle avec le Qatar, sur la base que Doha s'immisce dans les affaires de la Tunisie. Le peuple tunisien a refusé, catégoriquement, cette intervention étrangère dans les affaires internes du pays. Samedi 14 janvier, des manifestants ont scandé le célèbre « Dégage! » à Hamad Ben Khalifa Al Thani, émir du Qatar qui a effectué une visite officielle de deux jours à Tunis. Ainsi, plus de 3.000 manifestants se sont réunis pour protester contre la venue de l'Emir. Selon M. Abdessalem, notre pays a une approche concernant les relations arabo-arabes, pas seulement avec Qatar : « Nous accordons une priorité à nos relations avec les pays voisins maghrébins, puis avec nos frères arabes, et il n'y a pas de mal à cela. Le fondement des usages diplomatiques fait que nous devons avoir des relations remarquables avec le Qatar, l'Arabie Saoudite, les Emirats, le Koweït, et l'ensemble des pays arabes. Les rumeurs qui ont augmenté la tension et créé la polémique ne font que paralyser nos relations extérieures ». Et le ministre d'ajouter : Ces agissements touchent les intérêts de la Tunisie et ses relations, et œuvrent à troubler nos relations avec nos frères et amis. Quant à nous, nous faisons la distinction entre ce qui est politique, et ce qui relève du sens de l'Etat et de son intérêt ». M. Ben Brik a un autre avis. Pour lui, le Qatar aurait joué un rôle de premier plan dans la gestion de la transition politique tunisienne. « Le scandale allait éclater dès le départ. On a vu en direct le char sur lequel on nous a amené la pièce maîtresse qui est Ennahda et son chef Ghannouchi. Aussi, tout le monde sait que c'est avec l'argent du Qatar que ces gens-là se sont implantés, ont mené leur propagande et donc acheté les voix », a précisé M. Ben Brik dans une interview accordée au journal El Watan : « J'irais plus loin en disant que le Qatar ne fait qu'appliquer les plans des Etats-Unis. Ces derniers louent pour cette région des régimes rétrogrades et retardataires pour mieux s'implanter ». Qu'en est-il au juste ?