M. Abdelfattah Mourou, avocat et figure de proue de la mouvance islamique en Tunisie a déclaré que le mouvement Ennahdha dont il a été, selon lui, « le fondateur historique », a été injuste envers lui. Dans une interview accordée au journal « Le Maghreb », Mourou a fustigé le mouvement de Rached Ghannouchi : « Ennahdha m'a insulté et m'a méprisé. Le mouvement a accordé une sorte de légitimité à ceux qui ont fait de la prison sous l'ancien régime aux dépends des autres militants. Le Mouvement de tendance islamique (Mti), devenu par la suite Ennahdha, c'est moi qui l'ai fondé. Rached Ghannouchi a rejoint le groupe plus tard. Au début, notre esprit était intimement lié à celui des frères musulmans d'Egypte. Nous nous sommes détachés peu-à-peu et nous avons fini par tracer notre propre voie. Nous avions une autre vision en politique ». L'avocat a précisé qu'Ennahdha a commis une erreur à son encontre en l'écartant de l'équipe gouvernementale et en lui proposant le poste administratif de conseiller avec rang de ministre, poste qu'il refuse catégoriquement d'accepter : « Jusqu' aujourd'hui, je ne comprends pas pourquoi Ennahdha m'a choisi pour ces fonctions qui m'éloignent du gouvernement et de la scène politique. Tout ce que je veux, c'est un poste de décision (ministère) qui me permet de faire de la politique ». Pour lui, c'est comme si une personne célébrait un mariage et n'avait pas prévu un nombre suffisant de sièges pour tous les invités. Les premiers qui devaient, alors, quitter leurs sièges et laisser la place aux invités sont les plus proches de l'organisateur de la cérémonie, allusion au fait qu'Ennahdha l'a sacrifié parce qu'il était un des siens et le plus proche d'elle. « Mourou-Ennahdha: Je t'aime moi non plus ! », c'est avec cette phrase qu'on peut décrire sa relation avec Ennahdha. En ce qui concerne l'implication du mouvement dans plusieurs actes terroristes, Abdelfattah Mourou a indiqué qu'Ennahdha a été impliqué dans l'affaire Bab Souika : « On a accusé Ennahdha d'avoir incendié la cellule locale du Rcd, il y a eu un mort. C'est monstrueux. Mon Dieu, c'est horrible. J'ai demandé tout de suite au mouvement, notamment Ali Lâaridh et Hamadi Jebali, un éclaircissement. On ne m'a pas répondu. Je me suis retiré définitivement du parti. J'étais le leader et j'ignorais tout!».