Bizerte a abrité, dimanche 19 février 2012, les travaux du Congrès constitutif de l'Association des prisonniers politiques de la région de Bizerte. Devant un parterre bien garni de sympathisants essentiellement nahdhaouis, la séance a connu quelques remous suite d'abord à l'intervention de M. Samir Dilou, ministre des Droits de l'Homme et de la Justice transitionnelle puis après celle de M. Mahdi Ben Gharbia, élu PDP à l'ANC. Le ministre a profité de ces assises pour vider quelques querelles où la presse était le principal antagoniste. M. Dilou s'est livré à une attaque en règle contre ce qu'il dénonce comme des gens ayant «mangé dans le râtelier de l'ancien régime. » La diatribe, d'une rare virulence, met en cause certains passés maîtres dans les accusations gratuites et dans le dénigrement des Islamistes qu'ils n'hésitent pas de traiter de terroristes et d'ennemis de la liberté, selon ses dires. Ajoutant que ni lui, ni le gouvernement ne sont disposés à accorder à ces gens de recouvrer une virginité en se présentant comme des révolutionnaires. M. Dilou s'est étonné que « cette presse qui se plaît à critiquer jusqu'à l'éreintement le gouvernement s'insurge et appelle à l'atteinte de la libre expression dès lors qu'on lui adresse des critiques. Le ministre a dénoncé, sans les nommer les « torchons » qui n'hésitent pas à violer tout ce qui est sacré au nom de la liberté d'expression. Des personnes ont des « dossiers ouverts » et maille à partir avec la justice pour des affaires de compromission et sont en train de s'agiter afin de se racheter de leurs fautes passées et présentes. Il a annoncé que le gouvernement n'a nullement l'intention d'offrir à ces « opportunistes » la moindre occasion de rachat et que la provocation dont ils usent ne saurait avoir la moindre prise sur l'attitude du gouvernement. Auparavant, M. Dilou a évoqué la sacralité de la liberté que certains brandissent, précisant que « cette dernière n'est que relative comparée à nos valeurs historiques, civilisationnelles et religieuses. » Pour ce qui est de ce que certains ont volontiers appelé « affaire Wajdi Ghenim », M. Dilou a rappelé que la Tunisie reste ouverte à tous les courants de pensée. Il a indiqué que la campagne menée contre le prédicateur n'a aucune base objective mais est montée de toutes pièces par les détracteurs du prédicateur égyptien, ajoutant que cette visite a été largement et délibérément amplifiée dans des buts politiciens. Arrivée entretemps de M. Mehdi Ben Gharbia, élu PDP à l'ANC, qui a insisté pour prendre la parole et pour répondre à M. Dilou qu'il a accusé de détourner le congrès de son but originel de constitution d'une association pour des considérations partisanes et pour vider des querelles. Sa prise de parole a été accueillie par un indescriptible désordre et certains ex-prisonniers politiques lui ont intimé l'ordre de quitter la tribune considérant que l'intervention de M. Ben Gharbia est une pure provocation. Nous rappelons, toutefois que l'élu du PDP est vice-président de la commission des martyrs et des blessés de la Révolution et membre du comité d'activation de l'amnistie générale. Il était, de surcroît, ancien prisonnier politique sous le régime de Ben Ali. Il a expliqué à la presse qu'il avait simplement l'intention de parler dans le cadre strict de recouvrement des droits des prisonniers politiques et des martyrs de la Révolution dont la commission susdite. M. Ben Gharbia a mis en garde contre la politisation du dossier des prisonniers politiques, faisant remarquer que les gens d'Ennahdha ne sont pas les seuls concernés par cette affaire et que toute victime de quelque obédience qu'elle soit a droit à un dédommagement de la part de l'Etat.