Être citoyen dans sa ville, c'est participer à la vie de la cité au quotidien et c'est vouloir donner du sens à un destin collectif. La démocratie participative est l'oxygène de la ville. Elle accepte que d'éventuels conflits puissent apparaître mais cherche à les dépasser pour créer une communauté plus solidaire. Ils étaient nombreux à assister hier à Nabeul Center à un débat organisé par la Troïka de Nabeul sur la gestion de la délégation spéciale de Nabeul. L'objectif étant d'évaluer le rendement actuel de cette délégation spéciale après six ans de travail, asseoir un diagnostic participatif du tissu associatif local et recueillir les attentes des acteurs associatifs locaux. Après la présentation des objectifs de cette initiative de la troïka par Hamouda Sidhoum du mouvement Ennahdha, un débat plénier libre et responsable a permis de cerner les différents avis des partis et des membres de la société civile. Il s'avère selon plusieurs intervenants que Nabeul n'est pas aussi propre que l'on pense. La maladie s'appelle cette fois-ci : saleté, construction anarchique et prolifération des kiosques. Quel est le responsable de cet état de fait on ne peut plus déplorable ? Qui des citoyens, des autorités sont coupables ? Autant de questions aussi importantes les unes que les autres qui méritent des réponses. «Nous sommes tous responsables de cette situation » avoue un citoyen. La délégation spéciale actuelle de Nabeul a –t-elle la part du lion de responsabilité de cet état de fait ? Non disent Olfa Maiza et Sana Salah. Les citoyens, par manque de civisme, sont également responsables. L'urgence maintenant est de retrousser les manches pour sortir Nabeul de cet abîme et lui redonner son faste d'antan. Le rôle de la société civile est primordial, souligne Nasreddine Khelil du mouvement Ennahdha. Sans moyens humains et financiers et sans le soutien des services d'ordre, l'actuelle équipe municipale ne peut pas aller plus loin. « Au lieu d'appeler à la dissolution de cette délégation, il faudrait mieux procéder à un diagnostic réel de la situation, car c'est beau de dire que rien ne marche. Il faudrait être dedans pour juger la tâche si délicate de nos conseillers municipaux » avoue Taieb Felfel. Halim Messadi s'est interrogé sur les raisons de cette décision prise à la hâte : « La propreté n'est pas uniquement l'affaire de la mairie surtout que lorsqu'on sait que le dépotoir de l'arrière ville de Nabeul est fermé et que les éboueurs sont en grève. Les autorisations de construction des kiosques ont été délivrées dans des conditions exceptionnelles. Le commerce parallèle est hors du rôle de la délégation. Donc, taxer le travail de la délégation spéciale de Nabeul de nul est à mon avis très sévère. Il ne faut pas dramatiser et politiser la situation ». Jinane Liman du Pôle a appelé à une grande consultation et un vrai diagnostic du travail de la délégation spéciale. Pour Mohamed Machat, « il faudrait chercher les causes et faire face à la problématique des incivilités environnementales qui vont à l'encontre des efforts engagés par le conseil municipal » Hafedh Lousseif, du parti républicain, estime que Nabeul n'est pas aussi dégradée que l'on pense. Ces problèmes ont toujours existé et il faudrait sensibiliser, informer et mobiliser les citoyens en matière de propreté et de civisme. L'actuelle délégation spéciale fait de son mieux. Il faudrait l'appuyer et la soutenir au lieu de mettre les bâtons dans les roues » et comme l'a dit Chokri Mami du POCT « quelle est l'utilité de dissoudre l'actuelle délégation ? ». Abdelaziz Hali, journaliste, ne mâche pas ses mots :« Nul n'a le droit de dissoudre cette délégation. On n'est pas des comités populaires pour prendre une telle décision ! ». Hichem Ben Hemida, du parti Afek Tounes, a salué les efforts de la délégation spéciale qui, faute de moyens et d'assistance sécuritaire, a du mal à travailler. Il faudrait penser à l'alimenter par d'autres éléments. Bref, cette initiative de la troïka est à saluer. Elle a surtout permis aux organisations présentes de se rencontrer, de communiquer, de dissiper les malentendus, de dialoguer et de s'engager dans la recherche d'une vraie remède pour redorer le blason d'or à la cité des Potiers. Un deuxième rendez-vous a été fixé pour permettre à la société civile d'adhérer à ce débat et de dire son mot.