Que peut apporter la finance islamique à l'économie tunisienne qui a besoin d'être relancée ? C'est la question posée à M. Zoubir Ben Terdeyet, directeur d'Islam-Invest, cabinet de conseil dédié à la finance islamique en France et en Afrique, et organisateur de la 5e édition du Forum africain de la Finance islamique. L'événement se déroulera, pour la seconde fois, à Tunis, le 19 avril prochain. Selon M. Ben Terdeyet, on pourra financer des entrepreneurs que l'on qualifiera de « pratiquants ». Cependant, le vrai atout de la finance islamique, serait de créer une vraie place financière en Tunisie dédiée à cette dernière : « La finance islamique ne pourra contribuer au développement de la Tunisie qu'à la condition de rayonner à l'international. Le marché tunisien est beaucoup trop petit pour permettre à la finance islamique de révolutionner le secteur financier. A l'instar de Bahreïn, Tunis doit devenir un hub de la finance islamique où les entrepreneurs du Maghreb ou d'Afrique de l'Ouest viendraient émettre un sukuk ou coter leur entreprises en bourses, placer leur argent dans des fonds de private equity ou des fonds actions. De cette manière, des milliers d'emplois pourront être créés dans les métiers de front offices, back offices, de conseils… Mais cette ambition ne pourra être réalisée que le jour où nous aurons la convertibilité des monnaies de la région, une vraie ouverture des frontières, des échanges intra maghrébins importants, etc. La finance islamique n'est qu'une opportunité parmi tant de défis à réaliser ». Dans une interview accordée à « Maghrebemergent.com », M. Ben Terdeyet affirme que le modèle malaisien n'est pas transposable au Maghreb, car c'est le tissu économique qui donne à faire aux banques, islamiques ou non : « Le pays est un des dragons d'Asie qui a su passer du stade de simple sous-traitant de l'Occident en producteur à part entière. On a une véritable économie que les banques peuvent accompagner. Islamique ou pas, le tissu économique donne matière à faire aux banques. Ce n'est pas encore le cas au Maghreb ».