Un certain quidam s'est autosuggéré et laissé convaincre qu'il pourrait peut-être se présenter comme prédicateur. Les circonstances étant ce que l'on sait, nul n'a songé à lui disputer ou à lui contester ce statut, sachant que de tels individus se ramassent aujourd'hui à la pelle pour peu qu'ils se sentent une quelconque aptitude à « allumer la foule » par toutes sortes de niaiseries. Le sieur Boussarsar, puisqu'il faut l'appeler par son nom, se prévaut d'une prédication exégétique et théologienne attestée et assumée. Fort de cette certitude, il n'a pas eu de peine à se saisir, un jour, d'un haut-parleur pour déverser devant un auditoire d'illuminés réceptifs et complices tout son venin et pour « gueuler » toute sa haine et son ressentiment, totalement subjectif par ailleurs, envers certaines figures emblématiques de la République. Pour lui, Bourguiba, le bâtisseur de la Nation tunisienne, dont il refuse jusqu'à prononcer le nom, ainsi que tous ses collaborateurs ne sont que « des mécréants, des traitres, des infidèles qu'il faudra éliminer ». Des stupidités qui trouvent un inquiétant écho auprès des affidés de l'obscurantisme et de l'inculture. Certes, ses propos appelant au meurtre tombent sous le coup de la loi et nécessitent qu'il soit assigné. Ce que M. Caïd Essebsi n'a pas manqué d'entreprendre, lui qui a été nommément cité à la vindicte de cet individu. Mais, l'on aura encore une fois remarqué le silence des autorités religieuses, et à travers elles, la connivence coupable du gouvernement qui n'ont condamné que du bout des lèvres, alors qu'une réaction vigoureuse aurait été perçue comme une volonté de ce dernier de s'opposer enfin aux dérives de toute personne quelque peu imbue et prétentieuse qui veut vider quelque querelle personnelle en manipulant une foule bien disposée. Encore une fois, les autorités ont « sciemment ou inconsciemment encouragé ce genre de comportement » en appelant au dialogue avec ces individus. Et, curieusement, ces mêmes autorités trouvent dans le dialogue des vertus, dès lors qu'il s'agit de sévir envers des fauteurs de trouble. Ce même dialogue qu'on refuse de nouer avec partenaires et alliés pour des décisions cruciales engageant le devenir du pays. Au nom de cette liberté d'expression, que Boussarsar et ses pareils refusent aux autres mais dont ils usent et abusent au demeurant, certains médias ont jugé bon de donner à cet individu une opportunité pour « se justifier ». Ce qu'il a vite saisi au vol pour venir nous éclairer, pauvres demeurés que nous sommes, sur ses véritables intentions, faisant remarquer que nous nous sommes tout simplement mépris sur le sens véritable de son délire. Il va sans dire qu'il n'a rien pu expliquer tellement son verbe était creux, ses arguties vaines. Tout le peuple nanti de bon sens n'a été que convaincu que cet homme mériterait d'être sanctionné pour ses propos inconsidérés. Sa condamnation ne devrait pas faire l'ombre d'un doute. Elle pourrait constituer, si la volonté de la prononcer existe, les prémices pour le gouvernement d'adresser au peuple un message rassurant, celui qu'il veut vraiment s'opposer aux sombres desseins avoués de certains groupuscules de chercher à diviser le peuple et à y semer la zizanie et la discorde. A quand donc un tel message ? A quand une telle mesure ?