Une campagne pour la propreté a été « ordonnée » par le Chef du gouvernement lors d'une réunion de la cellule de crise constituée ad hoc pour lutter contre la saleté qui a inondé le pays du nord au sud. Par définition, une campagne est limitée dans le temps et s'achève inopinément quand on pense avoir atteint les objectifs pour lesquels elle a été lancée. Or, les immondices qui submergent nos cités en ces temps d'insupportable canicule nécessitent davantage qu'une campagne, une stratégie inscrite dans le long terme afin que le pays retrouve un certain attrait. N'empêche que cette campagne est pain béni pour le gouvernement qui l'a initié et pour ses membres, notamment ceux d'orientation nahdhaouie. Ainsi, un nombre de ministres s'est déplacé dans les régions pour « donner le coup d'envoi » ou pour participer avec ostentation aux actions de nettoyage. Ainsi en est-il de Samir Dilou, ministre des Droits de l'Homme et de la Justice transitionnelle et porte-parole du gouvernement, qui a fait le déplacement à Bizerte, revêtu un gilet orange, coiffé un chapeau de paille et qui s'est muni d'une pelle pour s'attaquer aux impressionnants monticules de détritus. Rien que de très normal, dirons-nous, sauf que l'opération était filmée dans ses moindres détails. Ce qui a fait dire à certains qu'il s'agit là d'une campagne électorale avant terme.