Les dernières déclarations de Rached Ghannouchi, leader du mouvement Ennahdha, ne peuvent pas passer inaperçues : « Nidaa Tounes est plus dangereux que les salafistes. Il est plus facile de lutter contre le phénomène salafiste que contre Nidaa Tounes. Le salafisme est en dehors de l'Etat alors que ce parti est bien ancré dans les structures de l'Etat. Il dispose des réseaux du RCD, implantés dans tout le pays ». Taieb Baccouche, secrétaire général de Nidaa Tounes, s'est dit surpris de ce genre de propos. Dans une déclaration accordée jeudi soir 04 octobre 2012 à la chaine de télévision privée Nessma TV, M. Baccouche considère que cette déclaration était en pleine contradiction : « Le chef du mouvement Ennahdha a considéré dans un premier temps les salafistes un réel danger pour la Tunisie. Il a même voulu serrer la vis contre les salafistes. Aujourd'hui, il a déformé ses propos pour annoncer que Nidaa Tounes est plus dangereux que les salafistes djihadistes. J'ai deux questions à poser : qui est le plus dangereux, celui qui brûle des ambassades ou Nidaa Tounes ? Qui est le plus dangereux, celui qui envoie ses milices pour empêcher les réunions des autres partis ou Nidaa Tounes ? ». M. Baccouche a ajouté que le cheikh d'Ennahdha se présente sous deux visages : les salafistes, considérés aujourd'hui comme dangereux, étaient comme des enfants pour Rached Ghannouchi. En ce qui concerne l'appartenance de certains ex-RCDistes à Nidaa Tounes, le secrétaire général a indiqué que le mouvement Ennahdha compte, lui aussi, plusieurs ex-RCDistes en son sein. M. Baccouche a précisé que Nidaa Tounes ne considère pas le mouvement Ennahdha comme un ennemi. Toutefois, ce mouvement a fermé la porte au dialogue et ne vise qu'à éliminer Nidaa Tounes de la vie politique. Le fondateur de Nidaa Tounes et l'ex-Premier ministre, Béji Caïd Essebsi, a précisé, dans une déclaration accordée au quotidien « Al Maghreb » que le leader d'Ennahdha a raison ! : « Notre parti est plus dangereux que les salafistes dans la mesure où Nidaa Tounes ne peut plus être comparé aux salafistes. Son danger se représente, à l'opposé des salafistes, dans sa capacité à diriger les affaires du pays ».