Dans une longue interview accordée au journal ‘'Essarih'' et publiée aujourd'hui vendredi 3 août 2012, l'ancien Premier ministre Béji Caïd Essebsi leader du mouvement «Nidaa Tounes», s'est exprimé sur plusieurs sujets, dont les projets et perspectives de son parti, ses ambitions personnelles, son évaluation du gouvernement de la troïka, ses critiques d'Ennahdha, sa position par rapport au salafisme … M. Caïd Essebsi, avec son humour habituel, a affirmé que «toutes les parties au pouvoir sans exception, la troïka, Ennahdha, les conseillers du gouvernement, ceux de la présidence, tous ont prédit l'échec à mon parti ». Il a ajouté : «Si telle est leur conviction, alors pourquoi toute cette appréhension? Pourquoi ces attaques et diffamations? ». Evoquant certaines critiques qui font allusion à son âge avancé, Béji Caïd Essebsi, toujours sarcastique, a répondu : «Si les politiciens se plaignent de voir des personnes âgées agir sur la scène politique, alors, ils n'ont qu'à décréter une loi qui fixerait l'âge maximal pour la pratique de la politique. Ainsi, on sera débarrassé de plusieurs ‘'vieilles figures''!». Revenant sur les différences entre les tendances du gouvernement actuel et celles du mouvement «Nidaa Tounes», BCE est allé jusqu'à se demander si ce gouvernement dispose d'une tendance quelconque. Il a ajouté que ce gouvernement n'a été choisi ni élu par personne, car en fait les urnes ont abouti à l'élection d'une Constituante. Il a affirmé que parler d'un gouvernement légitime est une grande supercherie! «Seule l'ANC est légitime», a-t-il affirmé en substance. Il a également ironisé en évoquant «la prétention des gens qui sont au pouvoir, de se considérer comme étant ‘'le gouvernement de la révolution'', alors qu'ils n'y ont absolument pas participé. Il a ajouté: «La révolution n'avait aucun référentiel religieux, mais a été engendrée par un état de désespoir général». Il a, par ailleurs, commenté les agitations récentes dans les zones intérieures du pays, en alertant contre la possibilité d'une nouvelle révolution. Il a argué en affirmant que «tant que les revendications sociales ne sont pas satisfaites, l'explosion sociale ne peut qu'être inéluctable !». Concernant le limogeage de Mustapha Kamel Nabli, M. Caïd Essebsi a déclaré qu'il s'agit d'une grosse erreur qui vise à avoir la mainmise sur la BCT, et sur les articulations de l'Etat. Par rapport à son éventuelle candidature à la présidence de la République, M. Caïd Essebsi n'a ni confirmé ni nié, tout en affirmant que son action à « Nidaa Tounes » n'a d'autre motivation que «l'amour de Dieu». Par ailleurs, l'ancien Premier ministre a fait allusion au mouvement salafiste en déclarant que l'Islam est la religion de tous et que la tentative de l'emprise de l'Islam par ces gens est similaire à l'attitude des moines et des prêtres d'Eglise. Il a, à ce titre, affirmé : « Nous ne voulons pas de moines qui guident notre comportement!». Pour conclure, Béji Caïd Essebsi s'est adressé directement à Rached Ghannouchi président d'Ennahdha, et lui a répondu par trois messages. Premièrement, «Cheikh Rached Ghannouchi nous a rendu justice en affirmant que nous sommes un rassemblement de RCDistes et de gauchistes et non de salafistes, car ces derniers sont bien les siens! Deuxièmement, il nous a rendu justice car il ne nous a pas accusés d'avoir des milices, tel que lui, en dispose! Et puis nous l'invitons à respecter les urnes et les résultats des prochaines élections, tout comme nous l'avons fait lors des précédentes».