La Tunisie souffre de troubles sociaux et politiques depuis mars 2012, date à laquelle Fitch a confirmé sa note de défaut émetteur (Issuer Default Rating - IDR) à long terme en devises à ‘BBB-' et la note IDR à long terme en monnaie locale à ‘BBB', avec une perspective négative. Ces notes prenaient en compte le bon déroulement de la transition politique en 2011 et 2012, la perspective de réformes importantes à la suite des élections de 2013, ainsi que les risques limités de refinancement de la dette publique grâce au soutien très important accordé par les créanciers multilatéraux et bilatéraux. Parmi les facteurs susceptibles d'entraîner une dégradation des notes, Fitch a retenu la résurgence de troubles sociaux et politiques du fait de leurs conséquences possibles sur la reprise économique ; une détérioration des ratios de dette publique, car le niveau d'endettement est élevé en comparaison avec les pays de note similaire, ainsi qu'un affaiblissement du soutien international en raison des importants besoins de financement de la Tunisie dans les années à venir. Depuis mars dernier, une vague de troubles sociaux a eu lieu notamment en juin et septembre 2012, qui sont principalement le fait d'éléments salafistes. Ces derniers constituent une minorité dans le pays, n'ayant quasiment pas de représentation politique formelle, mais leurs actions sont extrêmement visibles et compromettent le bon déroulement de la transition politique. La coalition gouvernementale a également connu plusieurs épisodes de tensions entre le parti islamiste Ennahda et les deux partis de gauche CPR et Ettakatol. L'Assemblée constituante prend du retard dans la rédaction de la constitution, ce qui pourrait nécessiter un report des élections législatives courant 2013, et non en mars 2013 comme prévu initialement. Bien qu'un bon déroulement de la transition politique reste le scénario privilégié par Fitch, les tensions politiques et sociales pourraient compromettre la reprise du tourisme et des investissements, en particulier des investissements étrangers directs, tous deux moteurs importants de la croissance et sources de devises pour le pays. Or aucun des deux n'a retrouvé leurs niveaux d'avant révolution. Fitch a également revu à la baisse ses prévisions de croissance du PIB réel à 2,5% en 2012 et 3,5% en 2013 du fait de sa vision plus pessimiste des perspectives de la zone euro, principal partenaire commercial de la Tunisie, et de la faiblesse des investissements tant publics que privés. L'agence table désormais sur un déficit budgétaire de 6,8% du PIB et un déficit de la balance des comptes courants de 7% du PIB en 2012. Les besoins nets de financement externes sont supérieurs à 2 milliards de dollars. Une partie de ces besoins sont déjà couverts par des financements bilatéraux et multilatéraux officiels mais le financement du déficit budgétaire sera de plus en plus difficile à assurer. La situation est d'autant plus délicate que le secteur bancaire nécessite une importante recapitalisation d'au moins 3% du PIB, selon le FMI ; dans un scénario plus défavorable que prévu, le coût pourrait s'élever à 7% du PIB. L'Assemblée constituante examine un projet de loi destiné à mettre en place un comité d'audit afin d'évaluer la légitimité de la dette publique contractée sous le régime de Ben Ali. Si ce projet était adopté (ce qui semble peu probable à ce stade), Fitch ne le considérerait pas comme un facteur de dégradation de la note, notamment si la Tunisie s'en servait pour obtenir une annulation partielle de sa dette bilatérale officielle. Cependant, dans l'éventualité, encore moins probable, d'un refus unilatéral par la Tunisie d'honorer le service de sa dette sur les emprunts d'Etat, Fitch considérerait cela comme un défaut. Si l'éventualité d'un tel refus prenait corps, il s'en ensuivrait une dégradation de la note souveraine. Selon communiqué