Voilà comment en Tunisie post-révolution, une marche organisée par la Ligue de la protection de la Révolution, a dégénéré en affrontements qui ont fait un mort et neuf blessés dont quatre dans un état grave. Dans la matinée du jeudi 18 octobre 2012, Lotfi Naguedh, coordinateur du parti Nidaa Tounes à Tataouine et secrétaire général provisoire de l'Union régionale des agriculteurs, a trouvé la mort après avoir été sauvagement battu. Le président de Nidaa Tounes, Béji Caïd Essebsi, a dénoncé la violence contre les représentants de son parti. Dans une déclaration accordée jeudi soir à Mosaïque FM, l'ancien Premier ministre a affirmé que le premier assassinat politique postrévolutionnaire a été réservé à son mouvement et a pris la vie de Lotfi Naguedh, « qui est loin d'être un RCDiste. Ce meurtre était une attaque contre la transition démocratique au pays et engendrera un tourbillon de violence dans le pays si des mesures d'urgence ne sont pas prises ». Entre accusations et démentis, les versions des faits se sont multipliées. Le fils du défunt a affirmé sur les mêmes ondes que son père avait une blessure en dessous de l'oreille et des blessures sur le bras et qu'il est mort des suites de l'agression violente, après la marche organisée par la Ligue populaire de protection de la Révolution.. Il a mis en doute la version des faits donnée par Khaled Tarrouche, porte-parole du ministère de l'Intérieur. De même pour Mondher Belhaj Ali, membre du bureau exécutif de Nidaa Tounes, qui a considéré que le meurtre de Lotfi Naguedh représentait un crime horrible et inacceptable. Il a, également, remis en doute les déclarations de M. Tarrouche, « qui a donné des déclarations avant même la parution du rapport du légiste ». Lazhar Akremi, membre de Nidaa Tounes, a précisé jeudi soir sur les ondes de Shems FM, que le meurtre d'un coordinateur de Nidaa Tounes est considéré comme un assassinat politique ciblé, étant donné que plusieurs appels au meurtre contre des responsables de son parti, avaient commencé depuis plusieurs mois. M. Akremi a annoncé le manque de confiance de son parti en l'Etat : « Khaled Tarrouche avait déclaré que Lotfi Naguedh est mort d'une crise cardiaque à l'issue de sa réunion avec des membres de l'Union régionale de l'Agriculture et de la Pêche ». Pour rappel, M. Tarrouche avait annoncé que « le décédé a bel et bien souffert d'une crise cardiaque et son corps n'avait aucune trace de violence comme le confirme le rapport du médecin légiste ». Toutefois, et selon l'hôpital régional de Tataouine, Lotfi Naguedh est décédé suite à une hémorragie interne.