L'hégémonie d'un membre du gouvernement et du mouvement Ennahdha a fait dévier le débat. M. Houcine Jaziri, également secrétaire d'Etat chargé de l'Emigration et des Tunisiens à l'étranger, a privé les téléspectateurs de savourer un témoignage chargé d'histoire du militant Ali Ben Salem, à l'occasion du cinquantenaire des événements du 24 décembre 1963, relatant le coup d'Etat avorté contre le premier président de la République tunisienne. Lors de l'émission « Attassiaa Massaa », animée par Moez Ben Gharbia, sur Ettounissiya TV, lundi 24 décembre, M. Jaziri n'a pas trouvé mieux que d'insinuer - il s'en est défendu au passage devant des arguments massue - que l'invitation du militant qui a écopé de 20 ans de prison parce que accusé de conspiration contre Bourguiba était préméditée et qu'elle avait pour but d'innocenter Béji Caïd Essebsi. Or, comme l'a si bien expliqué Moez, appuyé par M. Ben Salem, l'invitation adressée au militant avait précédé les agressions de samedi contre les partisans de Nidaa Tounes, objet de l'émission de lundi. Du reste, le débat a été dominé par les tiraillements politiques. Au lieu de discuter des solutions pour mettre fin à la violence d'où qu'elle vienne et des moyens à même d'assurer la transition démocratique, les participants à l'émission ont tenu une discussion byzantine qui ne profite à personne et surtout aux téléspectateurs qui attendent des solutions urgentes de nature à sauver le pays dans l'impasse où il se trouve. La responsabilité de M. Jaziri ne fait aucun doute dans le passage à vide de l'émission. C'est sans aucun doute une immixtion dans des affaires qui ne concernent que les médias. Moez Ben Gharbia, animateur du 21 heures d'Ettounissiya TV, dispose d'un conducteur qu'il doit respecter minutieusement avec un timing précis. Est-il du droit d'un invité de dicter ses conditions ?! L'incident n'est pas unique en son genre. Des précédents font légion. Ils dénotent d'une volonté, maintes fois déclarée, d'assainir le secteur de l'information des médias de la honte. Cette pratique ne sert aucunement le pouvoir en place ni encore moins le mouvement Ennahdha. La Tunisie passe par des moments difficiles, marqués par une recrudescence de la violence de toute nature, des passe-droits qui font douter les Tunisiennes et les Tunisiens en l'avenir du Pays. La troïka ne s'en rend même pas compte, ou fait semblant. La politique de l'autruche est-elle la solution idoine ?