Le numéro 2 au sein du mouvement Ennahdha, Abdelfattah Mourou, accuse Rached Ghannouchi de mener, par son extrémisme, le pays à l'abîme : « Rached Ghannouchi doit quitter Ennahdha ! Il mène le parti et le pays au désastre ! ». Il a également affirmé le mouvement Ennahdha va quitter le pouvoir : « La place d'Ennahda est dans l'opposition et il y restera pendant 20 ans. C'est ce que je prédis, moi son fondateur et son vice-président !». Dans une interview accordée au site « marianne.net », l'avocat a précisé qu'il est le fondateur d'Ennahda bien avant Rached Ghannouchi : « J'ai tenté de tirer mon parti vers la modernité… Je l'ai quitté et puis je l'ai rejoint à nouveau. Les jours passés au pouvoir par Ennahda sont une leçon. Il y a quelques jours, j'ai demandé à Rached Ghannouchi s'il pouvait circuler sans peur en Tunisie. Il m'a répondu que non, qu'il avait peur des gens. Je lui ai demandé : comment expliques-tu que le peuple tunisien veuille te chasser ? Il n'a pas répondu. Je lui ai dit que moi, je circulais à pied, partout, et que chacun me saluait en souriant. En conséquence, je demande à ce que soit convoqué un congrès extraordinaire d'Ennahda pour en changer la direction qui mène le parti et la Tunisie au désastre. Rached Ghannouchi et sa direction sont en train de faire de notre parti une affaire familiale. Qu'il soit contrôlé par des gens qui ne s'ouvrent pas à la réalité et à la modernité est une catastrophe. Je dénonce Habib Ellouz qui, pendant la manifestation devant l'ambassade de France, criait que les laïcs tunisiens devaient dégager. Mais la Tunisie leur appartient à eux aussi ! Si vous êtes au pouvoir, vous devez vous comporter en père de famille ! ». Abdelfattah Mourou affirme qu'il soutient l'initiative de Hamadi Jebali pour former un gouvernement apolitique : « C'est moi qui ai soufflé à Jebali l'idée d'un gouvernement de technocrates, apolitique ! D'ailleurs, il m'a pris dans son comité des sages. Rached Ghannouchi doit se retirer pour que d'autres puissent instaurer la paix sociale en Tunisie. Nous avons besoin de dix années de paix pour faire de notre petit pays un nouveau Singapour. Rien ne nous manquera, pourvu que nous ayons la liberté entre nos mains. On n'a pas fait la Révolution pour donner les clés du pays aux salafistes et aux ultras de la gauche… ».