Il y a un mois et demi, Kaddour Errifi, imam prédicateur de la Mosquée Al Mokhtar de Zarzouna (Bizerte) est « dégagé » sans ménagement du lieu du culte par un groupe d'énergumènes barbus, se réclamant du courant salafiste pur et dur (lire notre article). Après l'émoi suscité par cet acte d'ignominie envers un imam modéré, apprécié pour son érudition, les autorités religieuses et régionales ont accompli un geste de confiance et de reconnaissance en adressant une missive à Kaddour Errifi le réintégrant dans ses fonctions spoliées. L'imam se présente donc vendredi 14 juin 2013 pour la prière. Mais, il est accueilli par le jeune imam barbu, intronisé par ses pairs salafistes purs et durs, qui lui signifie que les fidèles ne veulent plus de lui ni de son discours éculé, comme s'il avait procédé à un sondage d'opinions auprès de tous les fidèles, et que lui, Kaddour Errifi, ne saurait contrevenir aux paroles du prophète selon lesquelles « il ne doit pas s'imposer à des fidèles qui [le] rejettent ». Homme pieux et éminemment pacifique, Kaddour Errifi quitte les lieux, provoquant le départ de plus de la moitié des fidèles. Une lettre similaire de signification de rétablissement de fonction a été adressée à Othman Baktache, lui aussi « dégagé » de la mosquée Al Fath de Bizerte. Il devrait retrouver les fidèles, vendredi prochain. Il risque, sans le moindre doute, le même traitement. Ces épisodes donnent une preuve renouvelée que les déclarations des hautes autorités religieuses affirmant un contrôle parfait de « la plupart des mosquées du pays » ne sont que pures tromperies.