Les milieux politiques algériens sont intrigués par le séjour algérois de Rached Ghannouchi. Pire, ils voient d'un très mauvais œil son immixtion dans le débat national politique algérien. Son intense activité suscite des interrogations et les observateurs y voient une campagne extra-muros menée par le leader d'Ennahdha dont le parti éprouve des difficultés quasi insurmontables pour instaurer la stabilité après trois années de pouvoir. Aussi, son activité débordante est-elle perçue comme une tentative de redorer son blason à Alger en donnant à voir l'image d'un « homme charismatique et présidentiable », image qu'il chercherait à transmettre à l'opinion tunisienne. Parti à Alger pour officiellement participer à un colloque sur Mahfoudh Nahnah, organisé par le parti islamiste algérien MSP, le numéro 1 d'Ennahdha a, selon le journal Al Watan, multiplié les rendez-vous. Rencontres avec le Premier ministre Abdelmalek Sellal, avec Abdellaziz belkhadem, l'ancien secrétaire général du FLN, long entretien avec Abderrazak Makri, le nouveau président du MSP dont il avait loué « les capacités et l'aptitude à assumer la présidence de la république en 2014 ». Les observateurs estiment que Rached Ghannouchi, une idole pour les partis islamistes algériens, donnait l'impression d'être dans son élément, voire en terrain conquis. Le chef de file d'Ennahdha a bénéficié d'une dense couverture médiatique et a, de ce fait et selon les commentateurs, montré la voie à suivre pour un soutien de la candidature de Makri à la présidence et afin de rééditer « l'exploit islamiste en Tunisie » Mais souligne l'article « rompu à l'art de la ruse », Ghannouchi n'a pas manqué d'apporter son soutien à Bouteflika, dans une volonté de brouiller les cartes et de cacher son jeu. Cependant, relèvent les observateurs, après avoir délivré ses messages, le chef d'Ennahdha a nié toutes les déclarations qui lui ont été attribuées sur son soutien à Makri et les a qualifiées de « pure affabulation ». Les commentateurs font observer que ces volte-face sont l'apanage des islamistes, champions de la tromperie et du double langage, prêts à recourir à la ruse pour parvenir à leur fin.