« Nos conditions de détention en Tunisie allaient de mal en pis », c'est ce qu'ont affirmé les trois activistes du groupe Femen, lors d'une conférence de presse tenue jeudi 27 juin à Paris. Libérées mercredi à Tunis après presque un mois de détention, les trois Femen ont dit avoir exprimé des regrets uniquement pour sortir de prison. « On ne regrette rien, si c'était à refaire, on le referait », ont indiqué les deux Françaises Pauline Hillier et Marguerite Stern, et l'Allemande Josephine Markmann. « On a exprimé des regrets uniquement sur les conseils de l'ambassade qui nous a dit que c'était notre seule chance de ne pas passer quatre mois en prison », a indiqué Josephine Markmann, « J'ai eu peur pour ma vie, témoigne Pauline Hillier. Pas dans l'action. On a cru à un moment que c'était de l'acide qu'on nous jetait. J'ai eu peur pour ma vie quand je me suis retrouvé enfermée dans des pièces avec des hommes qui commençaient à nous battre. J'ai eu peur pour ma vie quand j'ai été trimballée dans des véhicules avec des menottes dans des conditions de sécurité épouvantables ». Elle a, en outre, évoqué des humiliations psychologiques et physiques quotidiennes, comme les « fouilles au corps », où il faut se déshabiller entièrement, se mettre accroupies : « Si tout se passe bien vous n'êtes pas frappées ou giflées. Ils nous ont frappées violemment pendant notre première fouille au corps ». L'activiste a évoqué avoir été l'objet d'insultes en arabe, de violence et d'humiliations, allant jusqu'à affirmer qu'en Tunisie, on ne respecte pas les droits de l'Homme. Elle a insisté sur les conditions sanitaires déplorables qu'elle a qualifiées d'humiliantes à la femme. Cette détention a permis aux trois jeunes femmes d'échanger avec les 25 autres prisonnières, qui partageaient leur cellule de 50 m2, des propos sur la condition féminine en Tunisie, comme l'a expliqué Marguerite Stern. « On a été très surprises de constater que la majorité des femmes sont en prison pour adultère. Parce qu'elles ont trompé leur mari, les femmes peuvent prendre jusqu'à cinq ans de prison (...) Elles ont été très surprises qu'on vienne en Tunisie uniquement pour soutenir une femme qui est un symbole, qu'on a jamais rencontré ».