Les interpellations dans les rangs des jeunes activistes et dans les milieux artistiques et médiatiques se poursuivent au grand dam des associations de défense de la liberté d'expression et de création. Depuis 72 heures, l'affaire des 8 jeunes créateurs placés en détention provisoire défraie la chronique et confirme chez certains, et ils sont nombreux, la volonté des autorités de mettre au pas les voix discordantes. Jusqu'ici, rien n'est venu confirmer ni infirmer les accusations portées contre ces jeunes, puisque l'enquête ne fait que commencer. Cependant, certains proches des détenus n'hésitent pas à franchir le pas et à dénoncer « un procès essentiellement politique ». D'après leurs avocats, les huit jeunes « risquent gros » ayant à répondre de pas moins de cinq chefs d'accusation à savoir usage et trafic de drogue, proxénétisme, prostitution et association de malfaiteurs. Théoriquement, ils encourent une peine de 20 ans, mais il est probable que l'ensemble de ces chefs d'accusation soient retenus. Néjib Laabidi, Yahia Dridi, Slim Abida (musicien), Abdallah Yahia (réalisateur), Mahmoud Ayed et Skander Ben Abid (musiciens) ainsi que deux jeunes femmes ont été arrêtés, à Lafayette, suite à une perquisition effectuée au domicile de l'un d'eux, alors qu'ils répétaient la musique d'un projet de film documentaire traitant de l'émigration clandestine vers l'Europe. Néjib Laabidi envisagerait également la production d'un documentaire traitant de la corruption dans les réseaux policiers complices dans ce phénomène. Selon un compagnon de route du groupe, Aziz Amami, lui et ses amis faisaient l'objet d'une « filature et d'un harcèlement policiers permanents » et même que le domicile de Néjib Laabidi a été cambriolé, les « visiteurs » auraient emporté des disques durs contenant des vidéos. Mardi dernier 24 septembre, à l'occasion de la soirée d'ouverture du Festival du film des droits de l'homme, la cérémonie s'était transformée en tribune de protestation anti gouvernement. Un comité de défense du groupe est en formation avec plusieurs ténors du barreau dont l'avocat Ghazi M'rabet.