M. Foued Mebazaa, président de la République par intérim, s'est adressé, dimanche soir, par une allocution au peuple tunisien, dans laquelle il a annoncé sa décision de nommer M. Béji Caïd Essebsi, au poste de Premier ministre, suite à la démission de M. Mohamed Ghannouchi. Il a déclaré avoir été surpris par la démission de M. Ghannouchi, démission qu'il a acceptée devant son insistance et sa détermination à le faire. Le président de la République par intérim a exprimé ses remerciements à M. Ghannouchi pour tous les efforts déployés et pour son dévouement au service de la Tunisie en cette conjoncture délicate que traverse le pays. Compte tenu de son attachement aux intérêts de la Tunisie et en vue de garantir la continuité de l'Etat, toutes institutions confondues, il a ajouté avoir demandé à M. Béji Caïd Essebsi le poste de Premier ministre, responsabilité qu'il a acceptée, mettant en valeur le patriotisme et la fidélité à la patrie qui distinguent le nouveau Premier ministre. M. Foued Mebazaa a, d'autre part, annoncé qu'il s'adressera dans quelques jours au peuple tunisien pour lui présenter la feuille de route de l'étape à venir, à la lumière des propositions devant être avancées par la comité supérieur de réalisation des objectifs de la révolution et de réforme politique. Il a, en conclusion, fait part de ses remerciements et de sa considération à tous ceux qui ont déployé des efforts pour que la Tunisie demeure toujours digne, exhortant toutes les parties à faire preuve de calme et d'objectivité, et d'oeuvrer à sortir le pays du chaos. Biographie du nouveau premier ministre M. Béji Caïd Essebsi, qui vient d'être nommé, premier ministre au sein du gouvernement provisoire, est né le 29 novembre 1926, à Sidi Bou Said, dans la Banlieue Nord de Tunis. M. Béji Caïd Essebsi est un avocat et politicien. Il a été chargé d'importantes responsabilités gouvernementales entre 1963 et 1991. Diplômé de la faculté de droit de Paris, en 1950, il a entamé sa carrière d'avocat à partir de 1952. Depuis son jeune âge, M. Essebsi a milité au sein du Parti du Néo-destour. Au lendemain de l'indépendance, il a rejoint le gouvernement comme conseiller du leader Habib Bourguiba. Il poursuit son ascension en devenant directeur général de la sûreté nationale (1963). En 1965, il est nommé ministre de l'Intérieur puis ministre de la Défense (de 1969 à 1970) jusqu'à sa nomination au poste d'ambassadeur à Paris, puis à Bonn (à partir de 1987). Son adhésion au parti socialiste destourien (PSD) a été gelée en 1971 à cause de son soutien à la réforme du système politique. Refoulé en 1974 de ce parti, il a adhéré en 1978 au mouvement des démocrates socialistes, présidé alors par M. Ahmed Mestiri. Il a dirigé le magazine opposant "Démocratie" jusqu'à sa réintégration au gouvernement au poste de ministre délégué auprès du premier ministre en 1980 puis ministre des Affaires étrangères en 1981. Il a joué un rôle de premier plan à la tête de la diplomatie tunisienne, en votant la résolution des Nations unies condamnant l'agression israélienne contre le siège de l'Organisation de Libéralisation de la Palestine (OLP) à Hammam-Chott. En 1989, il prend le perchoir de la chambre des Députés qu'il garde jusqu'en 1991. Son dernier mandat de député s'achève en 1994. Il reprend ensuite son métier d'avocat. Caïd Essebsi est marié et père de quatre enfants.