La Révolution a certes rompu définitivement d'avec le régime de dictature, d'inégalité et favoritisme. La situation d'insécurité qui a suivi adonné libre cours à des pratiques et à des comportements pour le moins curieux. Lors du débat télévisé de mercredi soir, l'un des représentants des médias était porteur d'un message au Premier ministre du gouvernement provisoire, ce qui a été tu par l'agence nationale de presse, la TAP. Les artistes, acteurs, chateurs, photographes, cameramen se plaignaient, dans cette interpellation, d'obstruction à leurs activités dans le sud du pays. Tout est pêché selon certaines catégories de citoyens, la représentation est un parjure, la chanson est une hérésie, la photo et autre vidéo ne sont pas conformes aux préceptes, jusqu'à l'hymne national, considéré comme un blasphème. La réponse de Béji Caïd Essebsi est rassurante : « Ces actes sont conjoncturels à cause de la défaillance sécuritaire. Nous agirons avec perspicacité et clairvoyance pour résoudre ces questions ». Le Premier ministre prendra certainement les mesures qui s'imposent pour mettre fin à ces pratiques désuètes et surannées. D'ailleurs, le ministère des Affaires religieuses a invité les Imam prédicateurs à respecter l'obligation de neutralité en politique, ce que doivent observer les lieux du culte. Il est important que les partis politiques jouissent de chances égales pour faire connaître leurs idées et leur programme d'action. Ni les mosquées, ni les lieux de travail ne doivent être pris pour des enceintes de propagande idéologique. Ce serait fausser le jeu démocratique ! Il est clair que certains essaient de mettre à profit cette période transitoire, cette atmosphère de dérive, pour tenter d'entraver le processus démocratique. C'est la raison pour laquelle Béji Caïd Essebsi a multiplié ses mises en garde et ses appels à la vigilance. Conscients de la situation, les citoyens ont réagi, chacun selon ses sources, aux tentatives visant à mettre en cause des acquis qui font la fierté des Tunisiens. Telle cette citoyenne qui dénonce sur facebook une vidéo qui légitime le fait de battre la femme, au nom de la religion, un acte de félicité, insiste le mufti. La démagogie ne passera pas !