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Pour une politique d'assainissement
OPINIONS

• «Le pire héritage du totalitarisme c'est de corrompre l'être de l'intérieur» (Tzevetan Todorov)
Dans la situation révolutionnaire que traverse notre pays, et au-delà du débat sur la composition du gouvernement d'unité nationale de transition ou sur la possibilité d'adopter une autre formule provisoire avec d'autres personnes, il est primordial de rappeler les idées forces qui sont à l'œuvre dans le soulèvement du peuple : non à l'appauvrissement et au chômage, non à l'oppression et non à la dictature. Trois idées qui posent les questions cruciales de la corruption et des inégalités, du système policier mis en place et enfin de l'absence d'un système pluraliste.
C'est pourquoi il est primordial de partir d'un diagnostic correct pour espérer apporter les solutions qui conviennent à la transformation du système. Un discours de vérité est ainsi nécessaire.
Tous les acteurs sur la place publique doivent tenir compte de ces trois revendications essentielles et leur trouver des réponses permettant l'instauration d'un système politique pluraliste qui garantisse les libertés individuelles et publiques et une répartition juste des richesses. La volonté populaire qui s'est exprimée dans la rue doit s'accompagner d'un agir révolutionnaire en dehors et au sein même du gouvernement provisoire qui doit avoir pour mission l'assainissement de l'Etat, la garantie des libertés et la planification pour une redistribution des richesses sur tout le territoire de la République.
Assainissement et pérennité de l'Etat
La dictature imposée au peuple par Ben Ali prend sa source dans l'instrumentalisation de l'Etat. Nous héritons d'un Etat républicain inféodé au parti destourien depuis son avènement en 1957. Le système voulu par Bourguiba, continué et aggravé dans ses dysfonctions par Ben Ali, celui du parti-Etat, accumule les tares qui constituent un obstacle vers l'instauration d'un système pluraliste : les administrations centrales, les conseils régionaux et les collectivités locales sont largement inféodés au RCD.
Les institutions du pouvoir législatif (Assemblée nationale et assemblée des conseillers), le Conseil constitutionnel, le Conseil économique et social, les organisations nationales (Unft, scouts, OEF, jeunesse scolaire, etc.) sont encore aux mains du RCD.
La société civile est quadrillée par près de 10.000 associations tenues par les destouriens. Enfin ont émergé un tissu de comités de quartier que le RCD a transformés en succursales sécuritaires, et un maillage transversal de toutes les entreprises et administrations du pays par des cellules professionnelles. La séparation entre l'Etat et le parti destourien — préalable à la refondation républicaine de l'Etat démocratique — n'est possible que par le démantèlement des formes multiples de mainmise du RCD sur les institutions et les entreprises.
La finalité est de restaurer la neutralité de l'Etat, de sorte qu'il redevienne l'Etat de tous les Tunisiens, dont les composantes sont au service du peuple dans sa diversité culturelle, régionale et politique. L'agir révolutionnaire pacifique, déjà initié au sein des associations, de certains journaux de la place, doit accompagner les décisions gouvernementales. C'est ainsi que nous pouvons garantir la pérennité de l'Etat. Rétabli dans sa neutralité, l'Etat doit garantir que les entreprises publiques et privées, les administrations, les mosquées et les syndicats — à la tête desquels l'Ugtt, l'Utica et l'Utap — ne soient pas ouverts aux activités politiques partisanes. Certes, les syndicats peuvent avoir leur politique, mais ils doivent être ouverts à tous les courants. Maintenant que la Constitution des partis et des associations est libre et sans entraves, la rationalisation de l'espace public permet l'accès des citoyens de façon libre, organisée et égale aux différents espaces de l'expression citoyenne (partis, syndicats, associations civiles).
L'histoire nous enseigne que l'action révolutionnaire est souvent soumise à la tentation aventuriste qui voudrait «faire table rase du passé», tentation parfois émanant d'un sentiment de frustration légitime, mais souvent débouchant, par posture idéologique, sur le chaos. Les exemples sont nombreux qui ont vu des peuples provoquer, par un manque de positionnement raisonné, l'avènement de systèmes politiques contraires à ce à quoi ces peuples aspiraient. A titre d'exemple, la Révolution française de 1789 fut confisquée par Bonaparte, la Révolution russe par Staline et la Révolution iranienne par les Mollahs. Pour éviter à la Révolution tunisienne le même sort, il est capital d'adopter une attitude de vérité pour transformer l'essai initié par le soulèvement de la jeunesse de ce pays.
L'équation délicate qui se présente à nous consiste à éviter la déliquescence de l'Etat, selon des scénarios visibles en Irak ou en Somalie, et de prendre en charge la légitime volonté populaire d'instaurer un système politique pluraliste fondé sur le respect des libertés. Il faut constater que les débats offerts par la presse, la télévision nationale et la qualité de communication du gouvernement transitoire aggravent le sentiment de confusion populiste et n'aident pas les Tunisiens à envisager une issue claire et satisfaisante.
Restaurer la crédibilité de l'Etat, dans cette phase transitoire, passe par des mesures nécessaires et rapides qui sont susceptibles de rétablir le contrat de confiance avec le peuple, des mesures symboliques — qui s'attaquent aux symboles de l'ancien régime — et qui montrent la voie. Je suggère, entre autres, que le gouvernement procède immédiatement à la nomination de nouveaux gouverneurs et délégués, dans la mesure du possible, au sein même des régions dont ils auront la charge — et représentant les différentes sensibilités du pays. Un geste rapide qui met en avant la nécessaire écoute des doléances du peuple et la proximité du gouvernement provisoire.
Liberté et sécurité
Il est important de rappeler que Ben Ali a fondé son pouvoir sur un régime policier. Le ministère de l'Intérieur a été, durant sa présidence, la pierre angulaire du régime.
Filatures, espionnage, écoutes illégales, arrestations arbitraires, torture, morts dans les locaux de la police ou dans les prisons, autant de pratiques que le nouveau système politique doit bannir. Il faut, à cet effet, restaurer l'honorabilité de la police nationale en faisant le ménage au sein du ministère de l'Intérieur, en changeant l'organigramme et les responsables de la sécurité, en démantelant le corps de la police politique, les unités corrompues et les groupes de tortionnaires qui ont sévi durant des décennies contre les citoyens et qui se sont mis hors de la loi. La manifestation publique organisée par les agents de l'ordre — une première dans l'histoire du pays — est salutaire. Elle démontre la volonté du corps de la police d'accompagner le processus démocratique, de s'insérer dans la société et de s'organiser pour parer aux dérives futures. Il appartiendra au nouveau gouvernement de réfléchir à la formation des effectifs de la police nationale au respect de la loi, au code de procédure pénale, au respect des droits de l'Homme garantis par la Constitution tunisienne et à l'instauration d'un système de contrôle de l'éthique d'une police citoyenne.
Aujourd'hui, nous avons plus de 100.000 agents pour 60 millions de Français. Une réduction progressive des effectifs de la police est plus que nécessaire.
L'assainissement du corps de la police est un préalable à l'instauration d'un système politique basé sur le respect des libertés individuelles et publiques. C'est ce système — qui interdit à l'Etat dans toutes ses composantes de limiter les libertés constitutionnelles des citoyens — que nous devons tous contribuer à instaurer.
S'ajoute à cela la nécessité de libérer les organes publics d'information (presse, radio et télévision) du joug du personnel destourien et de la police. Durant des décennies, les médias ont vécu dans la culture du parti-Etat et ont été investis par le RCD et le ministère de l'Intérieur.
Le système politique qui garantit les libertés est la pierre angulaire de la réussite de la démocratisation de l'Etat. L'instauration du pluralisme politique est une condition nécessaire mais non suffisante. Les partis politiques tunisiens souffrent actuellement de deux maux : le manque d'expérience dans la gestion des affaires publiques et le vieillissement de leur personnel politique, ces partis doivent s'ouvrir impérativement à la jeunesse du pays pour la former politiquement et civiquement, l'encadrer dans ses activités et garantir ainsi la continuité démocratique et son enracinement dans la société. Une tâche titanesque à accomplir en six mois. Le pays n'a pas de temps à perdre dans les tergiversations politiciennes.
Démocratie et développement
L'origine de la révolution tunisienne, se fondant sur une revendication sociale (travail et dignité), a dénoncé un système généralisé de corruption et d'inégalités qui touche tout le tissu économique. Il est impératif que la commission d'investigation sur la corruption ne limite pas son travail à la corruption du clan Ben Ali. Le tissu économique et administratif a besoin d'être rétabli dans le respect de la légalité pour que tous les acteurs économiques (Etat, secteur privé, investisseurs étrangers) puissent redynamiser l'économie, par la création de richesses et d'emplois, et apporter des réponses concrètes à l'injustice et aux inégalités à l'origine de cette révolution.
Ainsi, la légitimité révolutionnaire garantissant la pérennité de l'Etat ouvrira le chemin vers l'établissement d'un système démocratique, libre et pluraliste au service de tous les citoyens.


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