La révolution tunisienne, les enjeux de la transition démocratique en Tunisie et le rôle de la société civile ont été au centre d'un forum organisé du 27 au 29 avril 2011 à Yasmine Hammamet par la revue Réalités. L'enjeu de cette transition est surtout de ne pas décevoir les attentes qui ont été exprimées par le mouvement démocratique en Tunisie, comme l'a précisé Mme Bochra Bel Hadj Hemida, co-fondatrice de l'Association tunisienne des femmes démocrates. Elle a appelé à consolider le rôle de la société civile et à l'impliquer davantage dans la vie politique. Ceci sans marginaliser les jeunes qui ont fait la révolution et qui ont un rôle à jouer dans cette transition politique. Mme Hélé Béji, écrivaine et Présidente du collège international de Tunis, a affirmé que l'ancienne paranoïa du pouvoir à l'égard de la liberté s'est inversée en paranoïa de la liberté à l'égard de tout pouvoir, de toute institution, perçus comme des structures de domination. La fin de la violence de l'Etat nous permet aujourd'hui de mesurer le degré de notre civilité réelle. La citoyenneté devient une valeur plus sacrée que la croyance religieuse, prenant de court les mouvements religieux eux-mêmes. La méthode d'exclusion a fait beaucoup de dégâts par le passé. L'ancien pouvoir, dit civil, était en réalité religieux, au sens où le prince y était sacralisé. La chute de l'absolutisme politique est la fin de l'obéissance religieuse. Les problèmes socio-économiques du monde arabe requièrent avant tout des solutions politiques crédibles et durables. Les régimes arabes et les acteurs extérieurs comme l'Union arabe devraient prendre en compte ces réalités dans leurs politiques, a précisé Mme Nathalie Tocci, directrice adjointe de l'Institut italien des affaires internationales. Une refonte radicale des politiques européennes à l'égard de la région arabe est nécessaire, avec pour fil rouge, la fin de la complaisance à l'égard des régimes ne mettant pas en place des réformes politiques sérieuses. L'Occident doit agir vite pour faire réussir cette véritable transition politique. Claire Spencer, directrice du programme MENA, a appelé à instaurer une nouvelle société civile en Tunisie avec des règles de jeu clairs et avec une implication des jeunes dans la construction de cette République de demain.