L'idée en est encore à ses premiers balbutiements, mais le Maroc et l'Espagne pourraient présenter une candidature commune au Mondial 2026, à laquelle se joindrait aussi le Portugal. Le Maroc est un pays qui, en matière sportive, ne se démoralise pas facilement. Il s'est porté candidat à accueillir la Coupe du Monde en 1994, 1998, 2006 et 2010, mais son offre n'a pas été retenue. La dernière fois, il y a sept ans, il s'est fait coiffer sur le poteau par l'Afrique du Sud. Nullement découragé, il revient à la charge. Il ambitionne maintenant d'organiser le Mondial qui se jouera dans neuf ans. Les candidatures commenceront à être évaluées par la FIFA (Fédération internationale de football association) à partir de janvier 2019, et la décision finale sera annoncée en mai 2020. Les chances du Maroc étaient à priori faibles face à un autre aspirant, les Etats-Unis, qui envisageaient de se présenter en tandem avec le Mexique ou le Canada, ou même en trio avec ses deux voisins. L'arrivée à la Maison Blanche de Donald Trump, les entraves qu'il met à l'accès des musulmans aux Etats-Unis et sa mésentente avec le Mexique réduisent les chances de succès de cette candidature, si tant est qu'elle finit par se concrétiser. C'est là, une occasion en or pour le Maroc, mais à condition de ne pas faire cavalier seul, de s'associer avec l'Espagne et recueillir ainsi le gros des voix du monde arabe, des africains et des européens. L'idée a commencé à germer à Rabat, mais elle n'a encore été communiquée aux Espagnols que de façon très informelle. Son plus fervent partisan est Giovanni Infantino, le président de la FIFA. « Il voit dans cette Coupe du Monde 2016 une occasion unique pour que le football démontre qu'il peut dépasser les différences » entre musulmans et non musulmans, écrit, le mardi 7 mars, le quotidien sportif espagnol « As ». Ce Mondial, à cheval sur deux continents, lui permettrait également de « laver l'image d'organisation corrompue » qu'a la FIFA et même de postuler pour le prix Nobel de la Paix, ajoute le journal. Si le Maroc accouche finalement de cette proposition de candidature commune, celle-ci serait accueillie avec enthousiasme en Espagne, selon des sources diplomatiques. D'une part, elle se situe dans la droite ligne de cette Alliance de Civilisations lancée par l'Espagne en 2007, en collaboration avec la Turquie et les Nations unies. « Cela serait la démonstration parfaite de comment deux pays de traditions culturelles et religieuses différentes peuvent travailler ensemble pour une cause commune très prestigieuse», fait observer un diplomate espagnol. Se lancer dans un tel projet avec Rabat serait aussi, pour Madrid, une sorte de police d'assurance contre tout soubresaut dans la relation bilatérale. Cela éviterait, par exemple, que le Maroc manifeste son mécontentement en laissant, par exemple, traverser les émigrants irréguliers vers l'Espagne comme il l'a fait en février, à Ceuta et, sur une plus large échelle, le 12 août 2014, quand 1.200 subsahariens ont débarqué en quelques heures sur les côtes de l'Andalousie. Être le pays hôte du Mondial 2026 est un défi majeur, bien plus important que la mise sur pied d'autres coupes du monde. Pour la première fois, 48 équipes et leurs milliers de supporters, au lieu de 32 précédemment, vont y prendre part. Une raison de plus pour s'associer à deux ou trois pour l'organiser.