Hier, devaient démarrer les épreuves du troisième trimestre dans les écoles primaires. Les instituteurs ont préféré assurer des cours ordinaires. Le ministère de l'Education espère encore un compromis avec les syndicalistes avant que Habib Essid et Houcine Abassi ne décident d'intervenir Finalement, les instituteurs ont tenu, hier, leurs promesses et ont boycotté, dans leur grande majorité, les épreuves du troisième trimestre de l'année scolaire 2014-2015. «Seuls quelques instituteurs sur les 65.000 que compte le secteur ont fait subir les épreuves programmées pour aujourd'hui (hier) et il est normal que les choses se passent ainsi. La majorité des instituteurs ont suivi l'appel du syndicat à la grève administrative et ont assuré les cours d'une façon ordinaire», confie à La Presse Tahar Dhaker, secrétaire général adjoint du Syndicat général de l'enseignement de base. Reste à savoir comment va faire le ministère de l'Education pour prélever sur les salaires des instituteurs les journées de cette grève administrative qui va se poursuivre dans les jours à venir. Tahar Dhaker répond : «Pour nous, il s'agit de journées de travail puisque les instituteurs sont déterminés à assurer leurs cours le plus normalement du monde. Et pour revenir au Code du travail qui stipule qu'une journée de travail non accomplie n'est pas payée, on considère que ce cas ne s'applique pas aux instituteurs qui ont marqué, hier, leur présence dans leurs écoles et ont dispensé leurs cours comme prévu. D'ailleurs, les directeurs des écoles primaires ne pourront pas dresser les listes des grévistes puisqu'il n'y a pas eu de grève. Nous demandons au Syndicat général de l'enseignement de base quelle astuce juridique va nous sortir Néji Jalloul pour nous priver de ces journées. En tout état de cause, les directeurs des écoles primaires et des collèges subissant à l'heure actuelle d'énormes pressions de la part du ministère de l'Education pour lui livrer les fameuses listes des grévistes ne donneront jamais ces listes pour la simple raison qu'elles n'existent pas». «Il est malheureux et inacceptable, conclut-il, que les anciennes pratiques que Néji Jalloul dénonçait quand il était enseignant soient de retour et qu'on essaye de les présenter comme une forme de consécration de l'aura de l'Etat». On veut reprendre le dialogue De son côté, Mastouri Gammoudi, secrétaire général du Syndicat général de l'enseignement de base, insiste sur la détermination des instituteurs à poursuivre «leur mouvement au cas où le ministère continuerait d'ignorer leurs revendications». Toutefois, il n'écarte pas l'idée du retour au dialogue avec le ministère à condition que cessent les menaces et les déclarations d'intimidation. Mais Mastouri Gammoudi a le don de développer un discours où s'entremêlent le dialogue et les menaces les plus fantaisistes. Il déclare, en effet, que l'escalade instituteurs-ministère peut atteindre les sommets les plus inimaginables «comme le boycott... de la prochaine rentrée scolaire». Du côté du ministère de l'Education, on laisse encore penser aux parents que rien n'est perdu et que le déroulement des examens (du 1er au 8 juin) est encore possible. Hier, Mokhtar Khalfaoui, porte-parole du ministère, a pris le relais de son ministre pour affirmer : «La voie du dialogue est toujours ouverte. Le déroulement des examens dans les délais est toujours possible. Les revendications matérielles seront examinées par la commission mixte 4+4 entre le gouvernement et l'Ugtt. Nous sommes résolus à trouver un compromis mais nous ne resterons pas les bras croisés et nous ferons tout pour sauver l'année scolaire». Les mesures que le ministère se propose de prendre au cas où le dialogue n'aboutirait pas avec les syndicalistes, même si Houcine Abassi et Habib Essid décident de s'emparer du dossier (comme ce fut le cas pour les enseignants du secondaire), sont claires et simples. Néji Jalloul, ministre de l'Education, ne cesse de les rappeler. Il s'agit d'abord de la fusion des moyennes du 1er et du 2e trimestre pour déterminer celle du 3e trimestre. Ensuite, adopter la moyenne générale de l'année scolaire en vue de sélectionner les élèves qui seront orientés vers les lycées pilotes. En attendant, le ministère de l'Education donnera la priorité au cours de la saison estivale à l'entretien des établissements scolaires et à la réfection des écoles qui menacent ruine, en particulier dans les régions de l'intérieur du pays. Parallèlement, on n'entend plus parler de la réforme du système éducatif dont le rapport émanant des consultations nationales et régionales devait être dévoilé le 31 mai dernier.