Il reste une journée pour sauver les examens de fin d'année au niveau de l'enseignement de base. Les instituteurs et les enseignants des collèges secondaires boycotteront les salles des examens. Le ministère espère encore une solution de dernière minute Au bout d'une grève générale qui a duré trois jours, au cours de laquelle les salles de classe des écoles de l'enseignement primaire sont restées vides et le taux de suivi de la grève a atteint les 100%, les enseignants ont décidé, au cours de la commission administrative du secteur de l'enseignement de base, de boycotter les examens scolaires de fin d'année, aux plans de la surveillance, du contrôle et de la participation aux conseils de classe. En plus clair, les instituteurs et les enseignants des collèges secondaires (7e, 8e et 9e années) abandonneront leurs élèves à leur sort. Ils ne prendront part ni au concours de la sixième année ni à celui de la 9e année. Ainsi, ils n'auront pas à dire leur mot quant au choix des élèves qui seront orientés vers les lycées pilotes. De source syndicale, on assure que les instituteurs sont déterminés à aller au bout de leur mouvement de protestation dans le but de pousser le gouvernement à répondre à leurs revendications comme ce fut le cas lors de l'empoignade qui a opposé, en mars dernier, le ministre de l'Education, Néji Jalloul, aux enseignants du secondaire, guidés par Lassaâd Yacoubi, secrétaire général du Syndicat général de l'enseignement secondaire. «Quelles que soient les décisions que prendra le ministère dont en premier lieu le prélèvement des jours de grève sur nos salaires, nous ne changerons pas de position», soulignent les participants à la commission administrative sectorielle (Ugtt). Les solutions de rechange Comme à son habitude, Néji Jalloul, ministre de l'Education, développe toujours un discours appelant à «faire prévaloir l'intérêt de l'élève sur les considérations politiques, à poursuivre le dialogue tout en prenant en compte les possibilités financières réelles du pays qui n'autorisent pas pour le moment la satisfaction de toutes les revendications matérielles». Hier et en réponse à la décision de la Commission administrative, il a commencé par exprimer sa confiance en «le patriotisme des instituteurs qui ne lâcheront jamais leurs enfants en cette période délicate de l'année scolaire. Ils sont d'abord des parents et ils s'attendent eux aussi comme des centaines de milliers de leurs concitoyens à récolter ce qu'ils ont semé tout au long d'une année scolaire qui a été éprouvante pour tout le monde». Mais comme il fallait fournir une réponse aux parents qui veulent savoir comment leurs enfants seront notés pour le compte du 3e trimestre, Néji Jalloul est retourné à la formule magique : «La moyenne du troisième trimestre sera comptabilisée en jumelant les moyennes du premier et du deuxième trimestres». Au départ de la grève et de la menace de boycotter les examens de fin d'année, le ministre promettait fermement : «Les épreuves auront lieu à tout prix. Le ministère dispose des moyens humains et logistiques qui lui permettent d'organiser les examens, d'assurer la correction et de tenir les conseils de classe qui décideront de l'orientation des plus brillants vers les lycées pilotes». L'on se demande pourquoi le ministre a changé de discours. Certains analystes estiment que «ce revirement n'est pas étranger à ce qui se passe au sein de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) où plusieurs députés n'ont pas mâché leurs mots et ont exhorté le ministre à sa calmer, à arrêter de donner de leçons à ses collègues et à trouver des solutions pratiques aux problèmes posés, loin des déclarations à chaud qui ne font que compliquer la situation». En attendant, le ministère annonce qu'il tient, demain, lundi 1er juin 2015, une conférence de presse qui sera consacrée aux examens nationaux. Le communiqué ne comporte aucune indication, comme c'est le cas généralement, sur la position que le ministère pourrait prendre ou les décisions à annoncer en réaction à la décision des instituteurs de boycotter les examens. En tout état de cause, la journée d'aujourd'hui dimanche 31 mai promet d'être longue et chargée. Le consensus, désormais, la marque déposée du gouvernement Essid, pourrait peut-être apporter du nouveau.