Le Festival international de Tabarka, très attendu par le public, aura finalement lieu. Il se déroule du 27 juillet au 17 août. Beaucoup redoutaient son annulation comme ce fut le cas en 2008. Après d'interminables palabres, le voilà enfin de retour au grand bonheur de ses nombreux adeptes. Aussitôt, une rencontre avec les médias a été improvisée, soit deux jours après le démarrage officiel de la manifestation. Un fait inédit qui mérite d'être relevé. L'explication réside dans le fait que l'essentiel de ce festival est concentré sur le jazz. Sachant que la ville du corail a toujours eu pour vocation de cultiver une culture jazzy, un point de presse dans ce sens a réuni jeudi dernier dans un grand palace de la capitale le monde de la presse au cours duquel le nouveau directeur de ce festival annuel de musique, Jamel Sassi, à la fois sobre, réservé et cependant chaleureux, a exhorté les médias à le soutenir dans son effort et son désir de redorer le blason de Tabarka et de lui redonner son lustre d'antan. Il y va de la prospérité d'une ville et d'une région qui tire toute sa gloire d'un festival, créé il y a quarante ans, et qui a tenu la dragée haute à Hammamet et Carthage, grâce à des icônes de grande dimension qui se sont produites, tout au long de ces quatre longues décennies, dans le cadre de son festival dont la formule brève, frappante et originale «Je ne veux pas bronzer idiot» a été, quelque part, à l'origine de sa renommée. Ce slogan, de nouveau réaproprié, servira sans doute au nouveau comité directeur comme vecteur de la promotion de la culture. La saveur d'un cocktail riche en saveurs La nouvelle édition de Tabarka jazz festival 2010 aura lieu du 5 au 8 août avec de l'animation dans une formule off prévue pour le jeudi 5 et le dimanche 8. Le vendredi 6 août, les amateurs de jazz sont conviés au concert de Stefano Di Battista, un altiste fougueux qui cultive une virtuosité sur le saxophone et une présence sur scène qui en font l'un des musiciens les plus remarqués en France. Adepte des traits véloces comme il est de rigueur pour de nombreux altistes depuis Charlie Parker, Stefano Di Battista n'oublie pas de laisser parler sa fibre italienne sur les ballades qui le porte au chant et à l'expressivité. Le lendemain soir, rendez-vous avec Roy Ayers, vibraphoniste et chanteur américain, né à Los Angeles, en Californie, le 10 septembre 1940. Musicien complet, il est un compositeur de grande classe en plus d'un interprète, arrangeur et producteur. Il grandit dans une famille de musiciens et étudie le piano et l'harmonie dans sa famille et au collège. A cinq ans, il se voit offrir une paire de baguettes de vibraphone par Lionel Hampton. A 17 ans, il se met sérieusement à l'instrument. En 1958, il commence à jouer avec Newborn, Curtis Amy, Teddy Edwards, Leroy Vinnegar, Vi Redd. C'est le début d'une longue carrière qui va se poursuivre jusqu'en 1980, année où il signe un disque avec le légendaire fondateur de l'Afrobeak Fela, «Music of many colors». La décennie 1990 lui consacre le «statut de légende». Avec l'apparition de l'Acid jazz et du hip-hop, il devient l'artiste, le plus populaire aux côtés de James Brown aux Etats-Unis. Parmi les autres spectacles programmés à Tabarka, il y a lieu de relever celui de ce soir, samedi 31 juillet, avec l'Orchestre algérien de musique andalouse de Canstantine, dirigé par un grand seigneur du malouf, Rachid Seguini. La vedette populaire du mezoued, qui a ses adeptes, Samir L'oucif, sera à Tabarka le mercredi 4 août. Le roi du rap Balti est programmé pour le lundi 9 août et Ahmed Mejri, le virtuose de la musique et des «arts nègres», le lendemain, 10 août. La musique spirituelle du Cheikh Taoufik Doghman et les saints patrons de Tunis sera au rendez-vous du mercredi 11 août. Le théâtre, le cinéma, la danse et le rire, un cocktail détonant d'expressions artistiques sera sûrement au goût des publics de Tabarka.