La rationalité est seule garante de la pérennité du club A l'Espérance, toutes les conditions sont normalement réunies pour que la réussite soit au rendez-vous, sauf une et qui n'est pas des moindres. C'est la rationalité dans la perception qu'on se fait du club et dans la manière de le gérer. A ce niveau, on doit le dire clairement, il y a de l'amateurisme, de la méconnaissance de la chose sportive en général et du football en particulier et une absence totale de collégialité décisionnelle! Cette situation n'est pas le propre de l'EST, elle est partagée par presque toutes les associations sportives du pays, mais elle trouve sa pleine signification du côté du complexe Hassan Bekhodja où on n'entend presque jamais parler d'une réunion du comité directeur du club, à moins que de telle réunions soient frappées du sceau du secret absolu. Dans tous les cas de figure, dans un grand club comme l'Espérance, l'argent à lui seul ne peut garantir la réussite sans une gestion rationnelle où les rôles sont définis et délimités et à même de garantir les résultats escomptés. Définir les rôles A l'EST, et c'est le constat, tout tourne autour de la personne du président. Il est en grande partie le pourvoyeur de fonds, il est le recruteur des joueurs, celui qui choisit les techniciens et prend la décision de les limoger, etc. Les mauvais résultats du début de saison en football l'avaient un peu contraint de changer de politique pour s'entourer de personnes du domaine, mais encore faut-il qu'elles aient les qualités requises pour réussir dans la tâche. Sans compter que de tels choix ne doivent jamais se faire sous la contrainte d'une conjoncture donnée, surtout quand elle est défavorable. Cela doit faire partie des structures immuables du club. Les commissions pour telle ou telle section ou discipline doivent faire partie de l'organisation de l'association pour ne pas dire de son organigramme. Elles ne sont nullement un luxe dont on peut se passer quand on a l'impression que cela marche. L'absence de telles structures est pour l'essentiel de ce que vit l'EST, aujourd'hui. Car — il faut encore une fois le dire — rien ne marche dans toutes les sections et catégories, faute d'hommes capables d'indiquer le chemin à suivre et surtout d'une vision claire qui définit la politique à suivre, les priorités, les objectifs à atteindre et les moyens pour y parvenir. L'EST, pour se remettre sur pied, a besoin de tout revoir dans la manière d'être dirigée. Cela implique la convocation, si j'ose dire, des états généraux du club que sont les anciens dirigeants avec à leur tête les présidents, les sages, les grands supporters pourvoyeurs de fonds, d'anciens joueurs de toutes les disciplines, etc. Ce sont ces états généraux qui auront le soin et la tâche de mettre les jalons du renouveau du club à l'orée de son centenaire. Ni assemblée générale ni autre forum ne sont en mesure de redonner à l'EST son lustre. Le club a besoin aujourd'hui d'une vraie refonte loin de ces replâtrages d'un autre âge. Une ou deux journées de réflexion à l'Hôtel du parc auxquelles seront conviées toutes ces personnalités ne manqueront pas de servir positivement le club dans sa marche vers le futur. On devra à travers ces journées débattre de tout, du statut, des moyens matériels, de l'infrastructure, de l'encadrement administratif et technique, des besoins du club pour les années à venir, de stratégie à mettre en œuvre pour le doter de ressources sûres et pérennes. S'inscrire dans une optique d'avenir ! La rationalité dans la gestion ne peut être que le résultat d'une restructuration en profondeur du club et dont il a vraiment besoin pour sortir de l'état où il se trouve qui ne sied nullement à son statut de pionnier et de locomotive sportifs dans le pays. Les petites retouches ici ou là ont fait leur temps et l'EST devra se mettre au diapason de son siècle pour demeurer ce qu'elle a toujours été. Elle n'est pas faite pour s'inscrire en faux par rapport au mouvement de l'histoire, elle qui a jusqu'ici fait cette histoire. Saura-t-on du côté des dirigeants actuels comprendre qu'on n'est pas là pour seulement gérer le quotidien mais qu'on devra bâtir pour l'avenir. L'assise existe mais elle a besoin d'être renforcée pour pouvoir résister aux épreuves du temps. A l'EST chaque président ayant veillé sur ses destinées à une époque ou à une autre — mis à part deux ou trois — a laissé son empreinte, celui au niveau de la discipline et du respect de la charte du sportif, celui au niveau de l'amélioration des conditions matérielles des joueurs, celui au niveau de l'infrastructure, etc. L'actuel président qui a eu la chance d'hériter de toute une institution devra de son côté œuvrer pour, lui aussi, laisser son empreinte, et ce, en provoquant un grand rendez-vous où le gratin du club sera là pour décider de l'avenir du Club et pour lui donner les moyens de sa pérennité. Moyens qui riment avec rationalité!