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« La Chine, une priorité stratégique pour nous »
De notre envoyé spécial à Pékin Nizar HAJBI
Publié dans La Presse de Tunisie le 30 - 06 - 2015


De notre envoyé spécial à Pékin Nizar HAJBI
La Tunisie reprend les consultations politiques avec la Chine et tend à aller vers un partenariat stratégique. Attirer les investissements chinois et booster la coopération militaire sont en point de mire. C'est ce que nous a confirmé le secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères tunisien, M'hamed Ezzine Chelaïfa, un chevronné de la diplomatie tunisienne et diplomate de carrière, que nous avons rencontré dernièrement à Pékin suite à sa visite officielle dans le cadre de la relance des concertations politiques tuniso-chinoises. Il nous situe ici l'état d'avancement des concertations qui viennent de reprendre avec la Chine.
Cette visite de haut niveau politique vient rompre avec une longue période morose en termes
de concertations politiques.
Est-ce une opportunité pour récupérer un retard accumulé depuis plusieurs années en termes de concertations ou une occasion pour présenter de grands projets et promouvoir l'investissement en Tunisie?
C'est une visite opportune alors que les relations tuniso-chinoises ont connu un petit passage à vide sur le plan des visites de haut niveau, et ce, en raison, bien sûr, de la situation en Tunisie; quatre années d'instabilité gouvernementale et on a un peu négligé nos relations avec la Chine. C'est pour cela que je suis venu ici.
Le premier objectif de cette visite c'est de reprendre le dialogue politique avec les Chinois dans le cadre des concertations politiques entre les deux pays. C'est un mécanisme qu'on possède depuis très longtemps mais qu'on n'a pas utilisé. Depuis 1985, il n'y a pas eu de concertations politiques entre la Tunisie et la Chine. Donc, je suis venu pour reprendre ce processus de négociations.
Le deuxième objectif de cette visite c'est d'essayer maintenant d'entamer une nouvelle phase dans nos relations avec la Chine parce que nous avons des relations qui datent de plus de cinquante ans avec ce pays. Des relations qui sont très amicales et basées sur un respect mutuel, avec des échanges commerciaux importants mais déséquilibrés vis-à-vis de la Tunisie, et aussi avec très peu d'investissements chinois en Tunisie. Donc, je suis venu ici pour essayer un peu d'inciter les autorités chinoises à construire avec la Tunisie maintenant et avec le nouveau gouvernement une nouvelle phase de nos relations politiques et pourquoi pas un partenariat stratégique avec la Tunisie.
Pour arriver à un partenariat stratégique avec la Chine il faudrait de la substance et du contenu. C'est pour cela qu'il faut accroître le dialogue politique et les échanges de haut niveau. D'ailleurs, je suis venu porteur d'une lettre adressée par le chef du gouvernement au Premier ministre chinois et qui entre dans le cadre des préparatifs d'une visite officielle du chef du gouvernement en Chine. Aussi, il souligne la volonté politique de la Tunisie à hisser les relations bilatérales à un plus haut niveau sur le plan politique et celui des échanges.
La visite du chef du gouvernement aura lieu vers la fin de l'année en cours ou au début de la prochaine. Il y a, aussi, le ministre chargé des relations internationales du Parti communiste chinois qui compte se rendre le plus tôt possible en Tunisie. Sa visite est à programmer avant la fin de l'année. On a aussi une commission mixte qui devra se réunir en octobre ou en novembre. On pense que ses nouvelles visites vont donner un nouvel élan aux relations tuniso-chinoises. Ça c'est sur le plan politique.
Pour la prochaine commission mixte, qui aura lieu à Tunis soit en octobre soit en novembre prochain, elle traitera de la série des grands projets que nous venons de présenter, de la coopération en formation et en échange d'expertises, etc. On a aussi décidé de créer un groupe mixte d'experts pour identifier les projets et approfondir leurs études que ce soit pour les petits projets ou pour les grands projets même si on ne peut pas décider de l'octroi de ces derniers qui dépendent des appels d'offres. Pour les exportations, c'est à nous d'être plus présents dans les salons et être plus agressifs en présentant des produits qui s'adaptent au marché chinois qui est immense et ouvert à la concurrence. Eux ils ne peuvent pas nous aider sur le plan tarifaire mais on leur a demandé une aide et ils sont disposés à le faire.
Sur le plan sécuritaire aussi, on souhaite consolider notre coopération avec la Chine qui est complètement prête à cela. Nous souhaitons l'engager dans divers domaines aussi bien dans la coopération militaire que dans la lutte antiterroriste.
Pour le volet militaire, comment va se concrétiser cette coopération ? De même pour la coopération économique, quelles sont les priorités et les défis à relever?
On a décidé d'avoir un attaché militaire en Chine. Si on veut coopérer avec les Chinois sur le plan militaire, il faut qu'il y ait une présence physique ici en dehors de l'ambassade qui ne pourra pas gérer des dossiers comme ceux-là. D'ailleurs, nous pensons nommer très prochainement un attaché militaire ici en Chine. C'est important car ça va tirer vers le haut nos relations politiques et bien sûr va avoir une incidence positive sur le plan économique. Il y a un petit problème de logistique, en l'occurrence d'espace dans notre ambassade qui n'est assez suffisant mais on va le résoudre dans les plus brefs délais. Les Chinois se sont montrés disposés à nous aider à dépasser ce problème et très bientôt on aura un attaché militaire en Chine.
Nous avons identifié des secteurs de coopération comme les équipements, la formation militaire et l'échange de renseignements à accroître avec la Chine.
Actuellement, la Chine est en train de nous aider avec des dons pour l'achat de matériel. Dernièrement, ils viennent de nous octroyer un don de 60 millions de yuans RMB dont la moitié pour l'acquisition de scanners de conteneurs ce qui est très important pour la lutte antiterroriste, et le reste pour des équipements de sécurité.
Sur le plan économique, la Chine est maintenant une puissance importante. On n'a pas eu des investissements chinois d'envergure en Tunisie. Aussi, on a une balance commerciale extrêmement déficitaire. Je suis venu pour voir comment corriger cette balance commerciale. On doit essayer de mieux introduire les produits tunisiens dans le marché chinois, à l'instar de l'huile d'olive. Une autre option pour y remédier à ce déséquilibre est le tourisme qui a un potentiel énorme en Tunisie mais qu'il faut maintenant exploiter et capitaliser comme il faut. On va bénéficier de l'expertise chinoise pour essayer de développer cela.
Et bien sûr dans le domaine des investissements où le gouvernement est en train de lancer de très grands projets et nous souhaitons cette fois-ci qu'il y ait une participation chinoise dans ces grands projets. D'autant plus que ces projets répondent aux technologies chinoises à l'instar du projet du port en eau profonde à Enfidha que je leur ai présenté. Et on connaît bien l'expertise des Chinois dans ce domaine là comme dans le domaine des chemins de fer. D'ailleurs, j'ai présenté un grand projet dans le domaine ferroviaire qui fera la liaison entre Tunis et Kasserine. C'est une reprise d'une ancienne desserte ferroviaire qui a été délaissée. C'est une desserte d'actualité maintenant car elle reliera l'intérieur du pays à la côte et c'est ce qu'on veut développer. Un autre projet les intéresse c'est celui du réseau d'autoroutes transversales.
Il y a, aussi, un autre grand projet cette fois en numérique pour passer le réseau des télécommunications du 3G au 4G et eux ils ont réalisé des projets comme celui-là. Je crois qu'ils sont en train de le faire avec l'Egypte. Il y a par exemple Huawei qui a affiché son intérêt, d'autant plus qu'elle existe en Tunisie.
On aura une vingtaine de projets à présenter, et nous considérons que la présence chinoise sera bénéfique dans les projets technologiques et par leurs investissements. Ils sont très présents dans les secteurs des ports et dans tout ce qui est infrastructure ferroviaire ou routière. D'ailleurs, ils ont réalisé d'énormes projets à l'extérieur. Outre les grands projets, il y a de petits projets aussi qui sont financés entre autres par des dons chinois.
Le système en Tunisie pour les grands projets et très rigide en matière d'octroi des projets et passe par des appels d'offres, alors que les Chinois préfèrent sur dossier et c'est d'ailleurs pourquoi on a eu une participation infructueuse des Chinois dans les appels d'offres. Nous ne pouvons pas procéder à donner des marchés de gré à gré car c'est impossible selon notre législation. Par contre, on est en train un peu de corriger les mesures des appels d'offres. D'ailleurs, je viens de leur annoncer que la Tunisie, pour les appels d'offres, va tenir, au niveau du dépouillement final des offres, compte de la qualité du financement que le pays candidat donne. Ce qui fait que si la Chine donne un prêt concessionnel cela serait important et tenu en compte. Et les Chinois ont bien accueilli cette mesure.
J'ai rencontré, aussi, des investisseurs qui ont des projets privés et même importants. Nous considérons qu'un investissement public tuniso-chinois va attirer plus les privés. On pourra rattraper l'énorme déficit commercial par l'investissement. C'est le cas de notre balance commerciale avec les Italiens et les Français qui était déficitaire mais avec les investissements elle est devenue excédentaire. Je crois que maintenant le moment est propice pour qu'il y ait de gros investissements chinois en Tunisie parce que nous pensons que s'il y aura un grand investissement chinois, il va y avoir un effet d'entraînement pour avoir d'autres investissements importants. La présence chinoise est attendue en Tunisie non seulement sur le plan économique mais même sur le plan politique on souhaite qu'il y ait une présence chinoise à travers les concertations.
Le gouvernement tunisien est en train de préparer un nouveau plan de développement et un nouveau modèle économique qui va être présenté pour le prochain plan quinquennal. Pour ce nouveau plan de développement, la Tunisie va opter maintenant pour les secteurs à haute valeur ajoutée comme les TIC, l'aéronautique, l'industrie verte...
Sur le plan culturel, les Chinois veulent établir en Tunisie un centre Confucius. Je crois que l'Etat tunisien va leur octroyer un terrain.
Ce sera à Tunis ou à Sfax, car actuellement ils n'ont que deux classes Confucius, un dans chacune de ces deux villes? Et qu'en est-il pour le projet de la Cité de la culture de Tunis ?
Ce sera un à Tunis et un autre à Sfax. Ils veulent introduire la langue chinoise encore un peu plus et nous sommes très ouverts à cela d'autant plus que cette langue est d'avenir pour le pays. En attendant des propositions précises de la partie chinoise, nous allons procéder à des actions pour promouvoir cette langue et pourquoi pas l'introduire en tant que langue optionnelle à partir du secondaire et c'est pour notre bien finalement. On l'a fait pour le portugais, il n'y a pas de raison de ne pas le faire pour la langue chinoise.
Pour la Cité de la culture, nous souhaitons que la partie chinoise nous aide pour sa finalisation. Eux, ils sont disposés et ils vont participer à l'appel d'offres avec les crédits concessionnels qu'il faut.
Maintenant c'est le moment de programmer une sorte de partenariat stratégique avec la Chine qui mettra du temps bien sûr mais on y arrivera!
Croyez-vous que l'administration tunisienne est prête pour accélérer les procédures afin de réaliser ce genre de partenariat économique et suivra-t-elle cet élan et cette volonté politiques, elle qui a été, à maintes reprises critiquée pour sa lenteur?
On l'espère et on est en train de reformer un peu l'administration qui a été négligée durant les quatre dernières années. Ça reprend petit à petit et il faut maintenant que tout le monde se remette au travail. En tout cas pour nous, la Chine est une priorité stratégique. Nous pensons qu'il faut compter avec ce pays qui va être de plus en plus dominateur dans le monde, d'autant plus que c'est un pays ami. C'était un pays en voie de développement il n'y a pas longtemps, donc il est proche de nous et comprend mieux nos demandes et nos priorités. D'ailleurs, c'est pour cela que nous leur avons demandé leur expertise dans le domaine de la réduction des disparités régionales. C'est un grand problème que nous avons actuellement, et eux ils l'ont connu auparavant et ils sont prêts à nous envoyer des experts pour nous donner leur expertise dans ce secteur d'action.
Cette reprise des concertations politiques et cette tendance à aller vers un partenariat stratégique vont-elles avoir un impact sur la Route de la Soie vers une intégration de la Tunisie dans cette initiative? Et qu'en est-il quant aux ports en eau profonde à construire, ce qui est un facteur décisif selon les plans chinois pour qu'une éventuelle candidature soit retenue dans ce sens?
Pour la Route de la Soie, j'ai exprimé aux autorités chinoises notre soutien et notre appui à cette initiative ainsi que notre souhait d'y participer et même de signer un émolument. D'ailleurs, nous allons bientôt étudier la conclusion de cet émolument et c'est important pour nous car cette initiative pourrait avoir des répercussions directes sur les investissements en Tunisie. Elle pourra donner à la Tunisie ce rôle de plateforme aux entreprises chinoises pour l'Europe qui est un marché important pour la Chine.
Pour le moment, c'est le port en eau profonde d'Enfidha qui a été retenu par le Conseil des ministres et qui va faire l'objet d'un appel d'offres international. Il y aurait peut-être deux quais à construire dans le port de Radès. Ils sont très intéressés par cela et nous sommes intéressés par la Chine non seulement pour la construction du port mais aussi pour son exportation après. Si les Chinois arrivent à le construire, il pourrait devenir après une plateforme chinoise dans la région. La Chine a en cela une valeur ajoutée.


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