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VI- La puissance chinoise et « le confortable sentiment de sécurité »
Reportage
Publié dans La Presse de Tunisie le 09 - 05 - 2010

Sans remonter très loin dans le temps, on peut dire que l'histoire récente (XIXe et première moitié du XXe siècle) n'avait pas été particulièrement tendre avec la Chine. Ce pays avait subi trop de guerres, trop d'agressions, trop de diktats de la part des Occidentaux et des Japonais à un point tel que les jeunes Chinois vivent aujourd'hui cette histoire avec un sentiment pénible d'humiliation.
Hu Yuxiang parle parfaitement l'arabe et se prépare à une carrière de diplomate pour «servir l'amitié arabo-chinoise», affirme-t-il avec beaucoup de convictions. Malgré son jeune âge, à peine 25 ans, il parle de l'histoire récente de la Chine avec une si grande émotion comme si les guerres de l'opium imposées par les Occidentaux ou l'occupation de la Mandchourie par les Japonais avaient eu lieu l'année dernière.
«Le peuple chinois», affirme Hu Yuxiang sur un ton grave, «vit toujours ces événements avec une grande humiliation et une profonde amertume. Quand une coalition de pays occidentaux déclenche une guerre contre la Chine pour lui imposer la légalisation du commerce de la drogue, un poison qui détruit la santé physique et mentale de ceux qui le consomment, il est difficile d'oublier cela. Plus douloureuses encore sont les atrocités commises par les Japonais pendant les guerres de 1894 et de 1937, surtout les massacres de Nankin et de Pékin.»
Oui, mais tous ceux qui ont commis ces atrocités sont morts n'est-ce pas, et n'est-il pas plus judicieux pour les jeunes qui ne connaissent ces événements qu'à travers les livres d'histoire, de regarder vers l'avenir plutôt que de rester prisonniers du passé ?
«Nous, on veut bien. Seulement, nonobstant le fait que le Japon ne s'est jamais excusé, il y a des politiciens et des intellectuels qui semblent prendre plaisir à remuer le couteau dans la plaie en se rendant régulièrement au mémorial de Yasukuni où reposent certains des politiciens et des militaires qui avaient commis des atrocités et des crimes de guerre contre le peuple chinois.»
Wang Chengmeng est l'ami intime de Hu et est tout aussi affecté par l'histoire dramatique de la Chine. Mais il est plus nuancé dans ses jugements. Wang en veut certes au militarisme japonais et aux politiciens qui non seulement ne s'excusent pas, mais continuent de glorifier «les criminels de guerre» à Yasukuni. Toutefois, il établit une nette différence entre le peuple japonais et ses dirigeants politiques et militaires. «Le peuple japonais est lui-même victime du militarisme de ses dirigeants qui avaient attiré des malheurs terrifiants pour le pays et ses habitants, particulièrement ceux d'Hiroshima et de Nagasaki. Je suis content de voir des touristes japonais se promener dans nos sites historiques et je suis reconnaissant aux investisseurs japonais qui ont pris une part active dans le développement de la Chine. Mais je ressens une douleur morale insoutenable quand je vois les tentatives de réécriture de l'histoire et la glorification par certains milieux à Tokyo de ceux qui sont à l'origine de tant de malheurs pour le peuple chinois, mais aussi pour le peuple japonais.»
Si les jeunes Chinois avec qui nous avons parlé éprouvent pratiquement tous les mêmes sentiments vis-à-vis de leur histoire récente, ils manifestent également la même attitude vis-à-vis de la situation actuelle de leur pays. Contrairement à ce qu'on escomptait, le sentiment dominant n'est pas la fierté des réalisations époustouflantes de la Chine durant les trois dernières décennies. Ce sentiment existe certes, mais il est dominé par le sentiment de sécurité.
Pan Xiaohan, jeune étudiant dans un Institut de langues à Pékin, résume le sentiment de beaucoup de jeunes Chinois en ces termes : «La montée en puissance de la Chine nous procure quelque chose de plus important que le confort matériel : le confortable sentiment de sécurité. Et plus l'armée chinoise est puissante, plus ce sentiment est fort. Il est psychologiquement très reposant de vivre sans cette peur au ventre qu'avaient expérimentée nos grands-parents au moment où le pays était pendant plus d'un siècle la proie des agresseurs étrangers.»
C'est un fait que l'armée chinoise est aujourd'hui plus puissante que jamais et que le langage qu'elle tient aujourd'hui aux puissances rivales, les Etats-Unis en particulier, est nouveau. Dans un article du 23 avril dernier intitulé «Chinese military seeks to extend its naval power» (L'armée chinoise cherche à étendre sa puissance navale), le New York Times a écrit ceci : «Maintenant les amiraux chinois veulent que leurs navires de guerre escortent la marine marchande, vitale pour les intérêts économiques de la Chine. Cette escorte se fera du Golfe arabo-persique jusqu'au détroit de Malacca en Asie du Sud-Est.»
Plus significatif encore, «en mars dernier, des responsables chinois ont dit à de hauts représentants de l'administration Obama, Jeffrey Bader et James Steinberg, en visite à Pékin, que la Chine ne tolérerait aucune interférence au sud de la mer de Chine qui, pour elle, représente maintenant un intérêt vital. C'était la première fois que les Chinois qualifient le sud de la mer de Chine de zone d'un intérêt vital, au même titre que Taïwan ou le Tibet».
Enfin, dans une interview à l'Agence Xinhua, l'amiral Zhang Huachen a affirmé : «Notre stratégie navale a changé. Nous sommes passés de la défense côtière à la défense en haute mer».
Quand nous avons partagé ces informations avec nos jeunes amis chinois, ils ont arboré un large sourire approbateur. Pour Wang Chengmeng, «si les navires de guerre américains se permettent de sillonner toutes les mers de la planète de long en large, pourquoi la puissance navale chinoise n'escorte-t-elle pas notre marine marchande ? C'est le moins qu'elle puisse faire».
Hu Yuxiang ne comprend pas pourquoi les Etats-Unis ont tout fait pour que l'Allemagne se réunifie, mais d'un autre côté ils font tout aussi pour que la Chine ne se réunifie pas avec Taïwan en armant les Taïwanais et en leur promettant soutien et aide contre la mère patrie.» Pour lui, «les choses sont en train de changer chaque année un peu plus en faveur de la Chine. Plus la puissance économique et militaire de la Chine s'accroît, moins la puissance américaine est en mesure de s'opposer à la réunification».
Mais la montée en puissance de la Chine ne menace-t-elle pas les pays voisins ? Il y a au moins deux pays qui ont exprimé publiquement leurs craintes face au développement de la puissance militaire chinoise : le Japon et Singapour. L'ancien chef de l'Etat singapourien, Lee Kwan Yew, est allé même à Washington il y a quelques mois pour prier les Américains de contrebalancer la puissance chinoise et «de maintenir une présence dans la région du Pacifique.»
Hu Yuxiang est étonné de ces craintes : «Jamais la Chine n'a attaqué un pays voisin ou lointain. Sauf peut-être le Vietnam en 1979, mais c'était un cas de légitime défense». Ce n'était pas un cas de légitime défense. C'était «pour donner une leçon» au Vietnam, d'après l'explication officielle de la Chine que dirigeait alors Deng Xiaoping. Il est vrai que notre jeune ami Hu n'était pas encore né à l'époque.
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Demain : VII - Controverses autour de la politique de l'enfant unique : naître ou ne pas naître


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