Le Franco-Polonais serait le successeur de Leekens. René Girard, lui, est à l'affût en cas d'imprévu. Le recherche d'un nouveau sélectionneur à la place de Georges Leekens ne devra pas prendre beaucoup de temps comme c'était le cas avant. C'est ce qu'on comprend du moins, en recueillant les informations auprès du bureau fédéral. Il sera étranger, ça c'est sûr, l'école tunisienne n'a pas fait l'unanimité. Et l'on a vite entériné cette tendance : aucun entraîneur tunisien pour le moment, parmi les noms disponibles, ne fait le poids et ne peut imposer ses idées et maîtriser l'entourage très spécial de la sélection. La piste étrangère a été donc privilégiée (et ça c'est une autre histoire !) avec deux noms qui ont émergé : Henri Kasperczak et René Girard. D'autres noms ont été avancés entre-temps, tels que Domenech, Lamouchi ou Makalelé, mais ce n'est pas si sérieux et fondé. Ceux qui vont décider sur ce sujet sont orientés vers le nom de Kasperczak. A commencer par le président de la FTF qui, apprend-on, est en voie de finaliser un accord avec Henry Kasperczak. Une forte personnalité L'avis d'El Jari, qui reste le premier et dernier décideur sur ce sujet, tend plus vers Kasperczak. Doté d'une forte personnalité, grand connaisseur du football africain (il a fait un long périple entre le Mali, la Côte d'Ivoire, le Sénégal...), et ayant réussi avec la sélection il y a 20 ans, voilà des arguments qui plaident en sa faveur. Sauf revirement de dernière minute, Kasperczak devrait être le maître à bord en sélection avec un double objectif : réussir la qualification à la CAN 2017 et aussi retrouver un football de charme et de conviction. Aujourd'hui, la sélection a perdu beaucoup de sa rigueur, sans parvenir à présenter un football assez technique. Leekens a réussi au début à ramener des résultats très intéressants, mais au détriment de la qualité. Par la suite, les résultats et la discipline ont manqué terriblement. Mais y a-t-il les joueurs qui permettent un football charmant? L'époque a changé Si Kasperczak, 68 ans et qui vient de quitter le Mali, revient à la sélection, est-il sûr de rééditer son passage réussi de 1994 à 1998? L'époque a complètement changé : les gens, le profil des joueurs, le paysage sportif... Quand il a débarqué en 1994 (après une CAN honorable avec la Côte d'Ivoire), Kasperczak a hérité d'une sélection abattue et détruite après le fiasco CAN 1994. A l'époque, le Franco-Polonais est rentré en conflit avec Chiboub, l'homme qui dirigeait tout d'une main de fer et qui avait la sélection comme otage. Le Franco-Polonais a choisi la «protection» de l'ESS et de Othmane Jenayeh pour résister à la déstabilisation. Le bras de fer EST-ESS se projetait en sélection quand Kasperczak casse la règle et s'ouvre sur les autres clubs en sélection. La génération 1994, éclaboussée à la CAN, voit une autre génération débarquer. Kasperczak fait le ménage : Beya, Sofiène Fekih, Sami Trabelsi, Berkhissa, Bouazizi, Ghodhbane, Jelassi, Ben Younès, Boukadida, Chouchène, Henini, Ben Slimène débarquent aux côtés d'El Ouaer, Limam, Sellimi, Rouissi. La CAN 1996 est une énorme performance pour cette nouvelle sélection soudée et protégée par Kasperczak qui réussit à éloigner l'influence de Chiboub. La qualification au Mondial 1998 en France est un couronnement pour cette sélection qui joue le 3-5-2 (identité tactique enracinée) et qui prime par sa rigueur. Le Mondial 1998 ne sera pas, en revanche, un bon souvenir pour Kasperczak qui paye cash ses choix jugés très subjectifs et ses alliances avec le club étoilé. Le scénario a été bien écrit : les joueurs sont divisés en deux clans. Le clan anti-Kasperczak, dirigé de Tunis, prend le dessus sur les lieutenants de Kasperczak, limogé après la défaite face à la Colombie. A l'époque, un acharnement médiatique et populaire contre le sélectionneur qu'on accuse de tous les maux (y compris celui d'agent de joueurs). Que l'on veuille ou non, Kasperczak aura été efficace et aura réussi à métamorphoser la sélection et le football tunisien. D'ailleurs, ceux qui sont venus après lui ont été contraints d'adopter la même approche mais avec moins de réussite (hormis la CAN 2004 remportée par Lemerre). Vingt ans après, Kasperczak revient au football tunisien qui a complètement changé. Sera-t-il l'homme de la situation? En tout cas, sa cote est très élevée.