Les étrangers sont chers, les Tunisiens discrédités à cause de Maâloul, l'avenir est incertain Qui va succéder à Nabil Maâloul et à son staff? La question se pose ici et là au cœur d'une vive tourmente qui frappe le football tunisien. Maâloul, complètement à côté du sujet et coupable d'avoir mal géré le mandat qui lui a été offert, a trahi tout le monde. Et surtout ses collègues tunisiens. Qui va accepter aujourd'hui l'idée d'un entraîneur et d'un staff tunisiens pour la relève? L'après-Maâloul va être dur, très dur. D'abord pour Wadii Jary, acculé et cible de toutes les attaques. Jary, à qui on demande fortement de s'en aller, n'est pas prêt à démissionner (question d'amour-propre vis-à-vis de Tarak Dhiab, son premier rival). Mais, en même temps, il sait bien que sa marge de manœuvre, lui et ses collaborateurs, devient très restreinte. Quand on est fautif, quand des décisions antérieures se sont avérées faillibles, on n'a plus la même facilité pour prendre d'autres décisions. C'est le cas proprement dit de Wadii Jary : un patron contesté et auteur d'un énorme échec. Légitime, oui, mais vous savez qu'en cas de crise, les arrangements politiques l'emportent sur tout. Jary n'a plus cette autorité (son point fort avant) pour résister à toute cette vague d'accusations. Il doit tout d'abord savoir faire profil bas pour laisser passer l'orage et puis songer au successeur de Maâloul. Jamais il ne sera capable de reproduire le scénario de la nomination de Maâloul en cherchant l'appui de tout le monde, alors qu'il a déjà fait son choix ! Tout ça va peser sur la procédure du choix du futur sélectionneur. Krol, temps perdu ! Ruud Krol aurait été le choix optimal pour la sélection : joueur de grande envergure, entraîneur autoritaire et charismatique, grand connaisseur du football africain et de la mentalité du footballeur africain. Mais on n'a pas eu le courage de chasser Maâloul après l'humiliante défaite face au Maroc (qui jouait à 9) à Sousse, et de trouver un arrangement avec le CSS pour le bien de la sélection. Maintenant, Krol est un monsieur inaccessible à court terme. Le CSS tient beaucoup à son entraîneur avec la Ligue des champions qui approche. Mais le Hollandais n'a pas été très chaud pour renouveler son contrat après 2014. L'équipe nationale, c'est peut-être l'un de ses objectifs. Attention! Le Hollandais est-il prêt à reprendre une équipe où il y a tout à refaire? Ça s'éloigne de plus en plus mais ce sera le meilleur choix. Ballons d'essai Contrairement à tout ce qui a été publié, aucune piste n'a été choisie par le bureau fédéral. Hervé, Courbis (entraîneur à problèmes), Giresse... ne sont que des ballons d'essai pour absorber un tant soit peu la colère du public et, en même temps, pour détourner l'attention sur le matraquage de la tutelle. Un bureau fédéral qui déclenche un casting du sélectionneur est un bureau qui va de l'avant et qui évite d'encaisser les coups de partout. Mais pour le moment, aucun de ces noms n'est une piste sérieuse. C'est aussi le travail en coulisses des agents d'entraîneurs qui ne ratent aucune occasion pour réaliser une affaire. Avant les noms, il y a un profit à trouver. Le contexte actuel où l'on cherche à voir le bout du tunnel rappelle celui de 1994. Un fiasco terrible qui pousse le système à écarter un peu Slim Chiboub, et à jouer la carte de Kasperczak. Ce dont nous avons besoin maintenant, c'est un Kasperczak qui met de l'ordre dans la maison et qui opère un grand ménage dans la sélection. Vous vous souvenez bien que lorsque le Polonais a ouvert les portes à une nouvelle vague de joueurs avides d'éclat et très disciplinés, et quand la sélection a banni les règles imposées par Chiboub (nous avons vu une sélection représentative des meilleurs joueurs à l'époque, quels que soient leurs clubs), le cycle a été historique. Avant cela, on aimerait savoir si l'on va vers l'option d'un entraîneur étranger une fois pour toutes, et le plus important, si la FTF et, derrière elle, le ministère des Sports sont prêts à supporter les coûts d'un tel choix. Pourquoi l'école française ? Sommes-nous toujours obligés d'opter pour l'école française? A chaque fois où la sélection cherche preneur, on est toujours otage des entraîneurs français. Alors, pourquoi ne pas voir ailleurs? Pourquoi ne pas tenter une autre école de football qui peut gérer la mentalité de nos joueurs? Les Italiens, entre autres, peuvent être de bons choix pour la période à venir, d'autant qu'il n'y a pas de distance culturelle, ni de problèmes de communication. Arrêtons, à chaque fois, d'être otages de l'école française! Marchand, Henri Michel, Jean Vincent... ça n'a pas été une merveille. Et même Lemerre, qui a gagné la CAN 2004, a quitté sur une mauvaise impression. En tout cas, le prochain sélectionneur va devoir comprendre comment le système du football tunisien fonctionne!