9 soldats tués, selon l'armée, alors que la presse écrite évoque un bilan de 11 à 13 morts contre un chiffre de 14 avancé par les terroristes En 24 heures, des chiffres contradictoires ont émaillé le bilan de l'embuscade meurtrière qui a ciblé, vendredi soir, des militaires algériens, dans la région d'Aïn Defla, à 140 km au sud-ouest d'Alger. En effet, tout a débuté avec la presse algérienne qui a révélé l'attaque via le quotidien «El-Khabar» en annonçant, avant-hier, la mort de 11 militaires dans une embuscade tendue par un «groupe terroriste». Et l'info a fini par faire tache d'huile sur le Web où le bilan a oscillé entre 11 et 13 morts sur les journaux électroniques algériens. Le soir même (samedi), c'était au tour du groupe Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) de revendiquer cette odieuse attaque en évoquant dans un communiqué non authentifié, diffusé sur Internet, la mort de de 14 soldats de l'Armée nationale populaire algérienne (ANP). «Les cavaliers de l'islam ont pu, au soir du premier jour de l'Aïd, tuer 14 soldats lors d'une embuscade tendue à une section de l'armée dans la zone de Djebel Louh», selon le document à l'en-tête d'Aqmi. Les terroristes ont réussi à s'échapper «sains et saufs après avoir pris les armes» des soldats tués, ajoute le communiqué. Il a fallu attendre hier matin pour que le ministère algérien de la Défense confirme le décès de neuf soldats. «On déplore le décès en martyrs de neuf soldats et des blessures pour deux autres» vendredi «à 19h00 (18h00 GMT) à Djebel Louh, dans la préfecture d'Aïn Defla», lit-on dans un communiqué en arabe de l'armée. Toujours selon le document officiel de la Défense, il s'agissait d'un convoi de l'armée «qui effectuait une opération de recherche et de ratissage dans la zone». « Les éléments de l'Armée nationale populaire ont aussitôt procédé au bouclage de la zone et déclenché une grande opération de ratissage pour débusquer ces criminels et les abattre», ajoute le communiqué en arabe. Selon une source bien informée (sous le sceau de l'anonymat) citée dans le quotidien francophone «El Watan», le détachement de l'armée a été ciblé, vendredi soir vers 23h, par «un important groupe armé dans un guet-apens au lieudit Kerouche, une région fortement boisée et escarpée, située à cheval sur les wilayas de Médéa et Aïn Defla». L'opération de ratissage se déroulait précisément dans « les maquis des communes de Djendel, El Hachania et Amrouna, connues pour être le fief des groupes armés au début des années noires », lit-on sur le site d'«El Watan». La caserne des soldats tués se situe dans la localité de Tarik Ibn Ziad, sur les hauteurs de la wilaya de Aïn Defla, ajoute le quotidien algérien. Pour plusieurs analystes, cette attaque est un coup dur pour l'armée algérienne et met à nu les défaillances de sa stratégie de lutte antiterroriste. «Le retard accusé dans le renouvellement de la flotte d'hélicoptères d'attaque, qui avait grandement participé à la lutte antiterroriste à la fin des années 1990 et au début des années 2000, pénalise grandement le travail des services de sécurité sur le terrain», souligne Akram Kharief sur les colonnes du journal «Al Watan». «En l'absence d'une couverture aérienne efficace, les soldats, déjà mal équipés et peu protégés, sont surexposés, ce qui donne un avantage décisif aux terroristes, lesquels connaissent le terrain et profitent de l'effet de surprise», renchérit-il. En un an, cette attaque s'avère l'une des plus meurtrières contre des soldats de l'armée algérienne. La dernière embuscade remonte à avril 2014 quand une quinzaine de soldats avaient été tués en Kabylie, région montagneuse à l'est d'Alger.