Pourvu que cette «fortune» ne soit pas… jetée par les fenêtres ! Alors qu'ils vivaient, samedi dernier, comme tous les Tunisiens, le silence électoral de la campagne de la présidentielle, les mordus de notre handball furent subitement proprement ébranlés, dans la soirée, par une nouvelle inespérée venue du Niger. Là où notre sélection féminine des juniors venait de réussir, contre toute attente, à surprendre la grande Angola, en l'emportant in extremis par un incroyable 26-25 en finale du championnat d'Afrique des nations de la catégorie. S'ensuivirent explosions de joie, embrassades et flots d'échanges de félicitations sur les portables et sur la Toile (facebook et réseaux sociaux). Le lendemain, ces mêmes passionnés de hand prenaient le chemin des urnes, en pensant encore beaucoup plus à cet exploit qu'à l'isoloir des centres du scrutin. Exagérons-nous là-dessus? Pas du tout. C'est que cette belle performance que personne, alors là personne, n'imaginait même pas, est venue prouver, pour la énième fois, que notre sport N°2, n'en déplaise aux pessimistes et aux éternels insatisfaits, est en bonne santé et demeure superbement représentatif et compétitif sur la scène extérieure. Et cela, si pénible soit la conjoncture qu'il traverse, si implacable soit le désintérêt des autorités et des médias. Encore une fois, ce sport, hélas bizarrement incompris aux yeux de certains, fait barrage aux contrariétés, dit non aux injustices et relève le défi. Et cette fois, le défi du Niger était, lui aussi, impossible, quand on sait que cette sélection est allée là-bas, lésée par une préparation si insuffisante, si infructueuse qu'elle… prête au rire, et qu'elle devait, ô malheur, affronter une Angola qui n'a plus perdu un seul match depuis voilà 18 ans! Tout a commencé à Sousse Comment cette jeune sélection qui ne payait pas de mine a alors réussi là où toutes celles qui l'ont précédée, depuis les années 90, ont échoué? Une seule réponse : il faut remonter à l'an 2014, avec la création d'une école fédérale à Sousse. Pure trouvaille du président de l'Association Sportive Féminine du Sahel, Kamel Romani, expert n°1 du handball féminin en Tunisie, ledit projet consistait en la mise en place d'un centre de formation des handballeuses, en prévision d'un avenir meilleur. Le démarrage fut tonitruant et des plus prometteurs, M. Romani ayant veillé en personne sur le bon fonctionnement du centre, en lui cédant la salle de son club, en lui apportant sa riche expérience, allant même jusqu'à lui choisir les staffs technique, médical et administratif. Deux ans après, on commençait déjà à cueillir les fruits précoces : la première promotion issue de centre remporte le championnat méditerranéen de la catégorie et voit la plupart de ses joueuses gagner du coup, leurs galons de titulaires au sein de la sélection des cadettes. Aujourd'hui, elles constituent l'ossature et la principale force de frappe des équipes nationales des cadettes et des juniors. C'est-à-dire les réserves…d'or dans lesquelles devra bientôt puiser la sélection des seniors. Il s'agit donc d'un investissement sûr dans le futur. Toutefois, il y a encore cette indésirable crainte de voir ce grand projet tomber un jour à l'eau. Une crainte d'autant plus légitime et sérieuse que le centre de Sousse commence, ces derniers mois, à perdre sa flamme, avec l'absence de plus en plus fréquente de ses résidentes et le non-paiement des salaires et primes de ses staffs technique et médical dont la grogne n'est plus à démontrer! «Nous n'abandonnerons jamais ce projet, assure le patron de la fédération, Mourad Mestiri, qui promet de régulariser la situation dans les jours à venir. Certes, personne ne souhaite être à la place d'un Mestiri que l'absence des recettes, le silence radio du ministère et la réticence inexplicable des sponsors ont rendu… malade ! Mais la sagesse et les exigences de la bonne gestion recommandent de faire bénéficier cette superbe sélection de la priorité à l'arrivée des prochaines recettes. En est-on conscient? That's the question. Mohsen ZRIBI