Plus d'une trentaine d'années de carrière, une quinzaine d'albums et d'innombrables concerts dans le monde, et pourtant, notre artiste n'a pas pris une ride, ses tubes non plus. Très joyeux et plein d'énergie, Alpha Blondy s'est produit sur la scène de Hammamet mardi dernier. Il chante et danse et surtout enflamme son public dans une ambiance de feu. Le théâtre de Hammamet était d'ailleurs plein à craquer, les passionnés de musique reggae se sont rendus pour danser sur les titres de leur idole. Le ton de la soirée s'annonce d'emblée haut en couleur. La troupe, Solar System, fait patienter le public par un morceau frénétique, en attendant l'apparition de la star... Le voilà enfin, de blanc et rouge vêtu, avec toujours les mêmes Dreadkocks, il inaugure le show avec son tube à succès «Sebe Allah», un titre qui loue le bon Dieu, créateur, et le Prophète Mohammed. Mais on réserve une petite surprise au public tunisien, le chanteur Naoufel Mahbouli intervient sur la scène et accompagne la star, dans une partie de la chanson en version arabe. On enchaîne de suite, sur la même cadence avec d'autres titres dansants. La troupe Solar System, qui accompagne d'ailleurs la star dans la plupart de ses concerts, est composée de sept musiciens entre saxophones, batterie, basse, guitares électroniques et deux danseuses-chorale, a encore mis le feu à coups de cuivre et percussion. Avec une belle énergie sur scène, Alpha Blondy a interprété ses tubes historiques, comme «Sweet fanta diallo ». Armé de ses paroles engagées, de son discours militant et pacifiste, Alpha Blondy a lancé un message à toute l'humanité. Notre artiste a offert «Jérusalem, je t'aime » et a rêvé d'un monde meilleur, plus juste. Il a exprimé, par ses chansons, les préoccupations et les malheurs d'un continent africain en pleine mutation, presque détruit par la guerre. « Si les pays africains sont aujourd'hui instables, c'est parce qu'on a fait des coups d'Etat idiots et des guerres idiotes », a crié haut et fort le chanteur à ses fans. Alpha a bien communiqué avec son public et a bien exprimé ses sentiments. Il est plus qu'un chanteur, il est le porte- parole des sans voix, des opprimés, et un véritable symbole de lutte contre la dictature, l'injustice sociale et le fanatisme religieux. L'Ivoirien Seydou Koné, alias Alpha Blondy, sans doute, aujourd'hui, la star « number one » du reggae dans le monde a transmis à ses fans ce qu'il ressent, ce qu'il défend. De son riche répertoire, il a choisi d'interpréter pour les Tunisiens « Peace in the world », un titre qui prône la paix dans le monde entier, notamment en Palestine, Liban, Libye, Mali, Somalie, Côte d'ivoire, Pakistan et Tunisie. « Parce que, en regardant les journaux télévisés, on a l'impression que nous sommes nés dans un champ de guerre et il faut que la politique comprenne que la paix est impérative ! », lançait-il avant de partir dans les loges pour quelque temps. Notre invité, engagé jusqu'au bout des ongles et enthousiaste, reprend ses thèmes qui lui sont chers, qui le touchent, et appelle ainsi à la tolérance entre les religions, « Dieu n'est pas un terroriste, Dieu n'est pas un criminel, il ne faut pas mêler Dieu à vos actes criminels » disait-il fermement à un certain moment de la soirée. A la fin du concert, la star est revenue sur la scène pour interpréter un dernier titre pour la fin, le plus fort, tant attendu de son répertoire. Il s'agissait bel et bien de « Brigadi Sabari », sur lequel on se déhanchait et on applaudissait fort jusqu'aux dernières notes. H.SAYADI