Des élections anticipées «fort probables», selon le Premier ministre AGENCES — Le Premier ministre islamo-conservateur turc Ahmet Davutoglu a annoncé hier l'échec des négociations avec l'opposition pour former un gouvernement de coalition, indiquant que des élections anticipées étaient «fort probables». «Nous n'avons pas réussi à assurer une base propice pour la formation d'un gouvernement», a-t-il dit à la presse à Ankara, au terme d'une ultime rencontre avec le chef des sociaux-démocrates au Parlement. Dans ce contexte politique incertain, la livre turque a baissé fortement face au dollar. Les discussions entre l'AKP, le parti au pouvoir en Turquie, et le CHP, principale formation de l'opposition, en vue de former une coalition gouvernementale se sont achevées, hier, sans avoir abouti, a déclaré un haut responsable du CHP, ce qui pourrait ouvrir la voie à des législatives anticipées d'ici la fin de l'année. «Le résultat est négatif», a dit, sans plus de précisions, ce haut responsable par téléphone, au terme d'une heure et demie de pourparlers entre le Premier ministre, Ahmet Davutoglu, et le chef de file du CHP, Kemal Kilicdaroglu. L'AKP devrait mener au cours des prochains jours des discussions avec le parti nationaliste MHP, qui a laissé entendre qu'il pourrait soutenir un gouvernement AKP minoritaire en attendant des législatives anticipées. Mais la probabilité d'un accord de coalition entre l'AKP et le MHP est «très mince», a déclaré un haut responsable de l'AKP, jugeant beaucoup plus probable la tenue d'élections anticipées en novembre. «La probabilité d'une coalition avec le MHP est très faible, les chances d'élections en novembre sont très élevées à l'heure actuelle», a-t-il dit par téléphone. L'AKP a subi une sévère défaite lors des législatives de juin, perdant sa majorité parlementaire pour la première fois depuis son arrivée au pouvoir en 2002. Ahmet Davutoglu a jusqu'au 23 août pour trouver un partenaire de coalition, faute de quoi le président Recep Tayyip Erdogan pourra convoquer de nouvelles élections. L'annonce de l'échec des pourparlers avec le CHP a fait tomber la livre turque à son plus bas niveau historique face au dollar, à 2,8210. La Bourse d'Istanbul, elle, perdait 2,5% à 13h45 GMT. «On ne sait pas quand des élections auront lieu mais la perspective qu'elles aient lieu va constituer un facteur supplémentaire freinant l'investissement», a commenté Manik Narain, de la banque UBS à Londres. «Le grand risque, c'est qu'il y ait de nouvelles élections mais que rien ne change. Cela crée beaucoup d'incertitude pour les entreprises et l'économie turques».