Une fois par mois, des jeunes racontent leur amour pour la lecture, autour d'un café. La Médina a encore des secrets à nous livrer. Des lieux et des histoires sont à découvrir entre ses ruelles, surtout celles que les pas des promeneurs et des acheteurs atteignent rarement. Pour cela, il faut aller à gauche de la mosquée Zitouna, de l'autre côté des souks, des cafés et des restaurants touristiques. Gauche, droite, encore à gauche puis à droite, on arrive au café «El enba» «la vigne», encastré dans une petite rue et fréquenté par riverains, jeunes ou simples passagers. Un endroit idéal pour un club de lecture. C'est ce qui nous y a menés samedi dernier, où le Médina Book Club a organisé sa rencontre mensuelle, baptisée pour l'occasion «3enba book club». Peu après 10 heures du matin, heure du rendez-vous lancé sur Facebook par Lili Bezzine, un coin du café était investi par une quinzaine de jeunes. Livres à la main, ils ont pris un à un la parole pour présenter leurs lectures du moment, ou un livre qui les a marqués au cours de leur vie. Pendant ce temps-là, les autres participants au book club posent des questions ou disent être intéressés par sa lecture, puisque la rencontre se termine par un échange de livres. Des bouquins en arabe, en français ou en anglais ont été présentés. Ils vont des essais aux romans d'amour, historiques, policiers ou de science-fiction. Des univers littéraires à la diversité étonnante, annonçant en même temps de nouvelles tendances de lecture chez la jeune génération, dont par exemple l'importance que prend l'anglais sur le français, que ce soit comme langue d'origine du livre ou en traduction. Dès le départ, un débat s'est installé sur la difficulté de lire la littérature arabe, que certains ont attribuée au manque d'intérêt porté à cette langue pendant le parcours scolaire, et d'autres ont trouvé injustifié, devant la beauté de cette langue. «Un livre se base sur l'idée et le style et c'est ce qui détermine son succès», rétorque une jeune fille, en présentant son livre. Sous les yeux curieux des passants et des autres clients du café, la rencontre a duré jusqu'en début d'après-midi. Séduits par l'idée, certains ont rejoint l'événement sur le tas, comme cette femme qui habite en face du café «El enba» et qui, après avoir observé les participants, a ramené un livre à présenter, autour du rôle de la musique dans l'enseignement des langues aux enfants. De Ahlem Mostaghanmi à Maxime Gorki, d'Arthur Conan Doyle à Gustave Flaubert en passant par Ihsen Abdel Kodouss, Goerges Orwell, Paulo Coelho ou encore Nawel Saadaoui, les thèmes des lectures se sont variés, prenant parfois le dessus sur le livre dans les débats. L'énergie et la fraîcheur des jeunes lecteurs font plaisir à voir et à entendre. Et même une quinzaine des 413 participants potentiels à l'événement sur Facebook sont réellement venus au café «El enba». On se réjouit qu'un tel engouement soit porté par la jeune génération au livre. En remerciant tout le monde, Lili Bezzine a rappelé le concept du Médina Book Club et qui est de «présenter un livre aux autres durant une rencontre mensuelle dans un coin à la Médina». Dans un mois, un nouveau rendez-vous attend les amoureux de la lecture ailleurs entre les ruelles de la Vieille Ville. A suivre.