• Paradoxe : le numérique, supposé être « anti-livre », réhabilitera et la lecture et le livre lui-même. • Ce n'est pas une surprise, les femmes lisent beaucoup plus que les hommes. Comment réhabiliter et remettre au goût du jour la lecture, dans les divers milieux et particulièrement en milieu scolaire, d'autant que la pratique est en passe de devenir, aux dires de certains, légèrement anachronique, voire désuète? Spécialement impliqué, le ministère de l'Education a pris l'initiative d'inviter une élite d'experts et de spécialistes en la matière de Tunisie et de France, notamment, pour se pencher, durant deux jours, sur la question de la motivation à la lecture, dans le cadre d'un Colloque international dont les travaux ont été ouverts, hier à Tunis, par le ministre de l'Education, M. Hatem Ben Salem. Signe de l'importance accordée au sujet, par les différentes parties et instances régionales et internationales, la manifestation est organisée en étroite collaboration avec l'Institut Français de Coopération, le Fonds des Nations Unies pour l'Enfance (UNICEF) et l'Organisation Islamique pour l'Education, les Sciences et la Culture( ISESCO). La rencontre intervient à l'issue de la Consultation nationale sur le livre et la lecture organisée en 2009 et 2010 et qui a mis en évidence une désaffection réelle à l'égard de la lecture et du livre en général, chez les Tunisiens. Il faut comprendre ici le livre culturel et la lecture du livre culturel, et non pas les livres scolaires et parascolaires, ou les livres relatifs à l'enseignement universitaire. Rôle des TICs D'ailleurs, les débats ont commencé par la présentation des statistiques sur la lecture en Tunisie, à la lumière de cette Consultation nationale. Ainsi, près de 23% des gens interrogés dans le cadre d'une enquête couvrant un échantillon représentatif de 1029 personnes, ont déclaré n'avoir jamais lu un livre, contre près de 32% ayant lu un livre en 2009. Apparemment, les femmes lisent beaucoup plus que les hommes, mais la pratique de la lecture est plus répandue chez les jeunes. Les achats du livre sont effectués principalement dans les librairies, ou encore à l'occasion de la Foire internationale du livre de Tunis (50%). Outre la contribution de la lecture à l'élévation du niveau intellectuel des citoyens, de façon générale, le ministère de l'Education en particulier est intéressé par la diffusion de la pratique de la lecture parce que la lecture permet de maîtriser les langues, que ce soit la langue nationale, l'arabe, ou les langues étrangères, notamment les langues vivantes, et le français en particulier qui est choisi par la Tunisie en tant que langue secondaire afin de mieux accéder au savoir et aux connaissances universelles Stratégie M. Hatem Ben Salem a annoncé, à cette occasion, l'élaboration d'une stratégie nationale concernant la maîtrise des langues et visant à promouvoir l'enseignement des langues à travers l'actualisation des contenus, la modernisation des pratiques pédagogiques et une plus grande intégration des TICs, outre la formation des enseignants et la diversification des ressources d'apprentissage. Or, comme l'ont souligné les intervenants, la lecture constitue un mode d'accès essentiel aux langues et une voie idoine pour avoir les connaissances utiles d'ordre orthographique, lexical, syntaxique, outre l'enrichissement culturel. C'est grâce à la lecture qu'on apprend les règles régissant le fonctionnement d'une langue. Dans ce contexte, un participant nous a avoué avoir réappris l'anglais, après l'avoir un peu oublié, en reprenant la lecture des livres culturels anglais et en usant, à chaque fois, abondamment, des dictionnaires anglais pour se rappeler le sens des mots et la construction des phrases. Dégageant l'importance de la maîtrise des langues, le ministre a souligné que la maîtrise d'une langue correcte constitue un outil efficace pour la communication, l'accès au savoir et la recherche de l'emploi, entre autres. A cet égard, le débat a montré que contrairement à ce qu'on pourrait penser, il n'existe pas d'incompatibilité entre la lecture des livres et la diffusion des nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC). Au contraire, la lecture est rendue, de nos jours, plus agréable et plus facile grâce aux nouveaux moyens et supports électroniques, comme l'ordinateur, l'Internet, les CD et les livres en ligne (e- book). Les TICs et la révolution numérique constituent, de la sorte, une opportunité pour la réhabilitation de la lecture et du livre culturel, en facilitant davantage l'accession des lecteurs aux livres, partout et à tout moment.