Projections, expositions et ciné-concerts autour de films tunisiens et étrangers, témoins des débuts du cinéma. Du 10 au 13 septembre, l'esplanade du musée de Sousse revient sur les origines du cinéma. Une manifestation vient, en effet, de voir le jour, intitulée «Cinéma au musée», proposant une rétrospective dédiée aux réalisateurs et aux films pionniers dans l'histoire du septième art. Organisée par l'Association Culturelle Afrique- Méditerranée et le Centre National du Cinéma et de l'Image (Cnci), « Cinéma au musée » a été présentée lors d'une conférence de presse tenue vendredi dernier au siège du CNCI. Le programme de la manifestation inclut projections, expositions et ciné-concerts. Son personnage principal sera l'un des premiers cinéastes au monde, un Tunisien : Albert Samama Chikli (1872-1934), dont l'œuvre est encore largement méconnue dans son pays natal. Cinéaste, photographe, reporter de guerre et même inventeur, Samama Chikli est un personnage haut en couleur. Une partie de son passionnant parcours de vie a été mise sur pellicule. Tout un patrimoine qui vient d'être restauré par la cinémathèque de Bologne en Italie, où un hommage a été adressé au cinéaste. Ses films, comme «Ain el ghazel» et «Zohra» ont été réalisés aux débuts des années 20, témoignant de l'ancienneté de la pratique filmique en Tunisie. «Cinéma au musée» projettera ces deux films en ciné-concert, en plein air au musée de Sousse, en plus d'autres œuvres inédites et fraîchement restaurées, signées Samama Chikli. Un court-métrage qui porte son nom et qui lui est dédié a été réalisé en 1996 par le Tunisien Mahmoud Ben Mahmoud. Ce film sera à son tour montré pendant la manifestation, à laquelle prendront part des membres de la famille Chikli. En cette première édition, la vision pour «Cinéma au musée» est déjà tracée. Pendant la conférence de presse, les organisateurs ont parlé d'un projet qui permettra de raviver la flamme de la mémoire des débuts du cinéma tunisien d'abord, d'où le choix de rendre hommage à Samama Chikli cette année, puis, arabe et africain. Dans les prochaines éditions, la manifestation ambitionne de devenir itinérante et de faire le tour de plusieurs musées et sites archéologiques en Tunisie, d'aller à la rencontre de différents publics et de les drainer à la visite de ces monuments, tout en découvrant des trésors du cinéma muet. Quant à l'implication du Cnci dans la manifestation, elle s'inscrit dans l'une de ses principales missions, la restauration et la numérisation du patrimoine filmique tunisien, pour laquelle le centre a lancé une consultation nationale. 2015 est célébrée dans le monde entier comme la 120e année de la naissance du cinéma. «Cinéma au musée» est de la partie et a choisi de rendre hommage au personnage de Charlot, inventé par Charlie Chaplin en 1914, et dont le public du musée de Sousse pourra (re)découvrir les œuvres. Au programme, également, une rétrospective dédiée au riche patrimoine de films muets de la ville italienne de Naples, et un retour sur un film marquant dans l'histoire du cinéma en Tunisie. Il s'agit de «Goha» de Jacques Baratier, film franco-tunisien qui a obtenu le prix « Un certain regard » au festival de Cannes en 1958, et qui a permis de révéler Claudia Cardinale et Omar Sharif à l'écran. Ce dernier, que nous venons de perdre le 10 juillet, est la troisième figure marquante du cinéma à laquelle «Cinéma au musée» rend hommage, en plus de Samama Chikli et de Charlie Chaplin.