Le staff technique doit forcément chasser les fantômes de l'été et réapprendre à ses joueurs à conjuguer le présent du collectif. À quelques jours du premier match du championnat face au Stade Tunisien, et au sortir d'une préparation guère encourageante, Daniel Sanchez est face à un vaste chantier. La vie d'un entraîneur de haut niveau n'est décidément jamais un fleuve tranquille. Entre la contestation de sa gestion d'avant-saison par les supporters, journalistes, employeurs, et une préparation marquée par des statistiques en matchs guère reluisantes, le technicien champion en titre vit un moment difficile. Pourtant, il apparaît serein aux entraînements, n'évoquant jamais les points brûlants et les dossiers qui fâchent... Un homme paisible Ce faisant, une des particularités du coach français, c'est cette attitude, cette quiétude qui lui permet même parfois «d'anesthésier» un entourage qui s'inquiète dès qu'un indicateur passe à «l'orange». C'est ainsi qu'il a placé la semaine écoulée sous le signe du dialogue et des fondamentaux. Former un tout cohérent avec son groupe, il ne pense qu'à ça et il s'y attelle forcément. Nécessité pour Sanchez de se retrouver au sein de valeurs communes que sont le travail et l'humilité. Dès que le groupe a tendance à perdre ces notions, il y revient avec insistance. Les rixes entre joueurs, les comportements «perso» de certaines starlettes, le spleen, un staff technique doit composer avec des caractères différents. Les supporters, quant à eux, sont certes proches de la vie du club, mais ils ne disposent pas de toutes les données et variantes endogènes et exogènes. C'est qu'après la belle fin de saison passée, d'aucuns ont pensé qu'il suffisait de remettre le maillot, de revenir sur le terrain et d'enchaîner. Remettre les compteurs à zéro et repartir de plus belle sur une nouvelle aventure avec des joueurs jouant davantage les uns pour les autres. Cependant, à ce niveau-là, il n'est pas question de revenir sur la formation de base ou l'abc du football. Non, ce n'est pas le travail d'un technicien qui exerce dans une ligue pro, et qui, de surcroît, joue les premiers rôles. Ce head-coach n'est pas là pour jouer les éducateurs mais pour créer une alchimie, réaliser un savant dosage et optimiser. Son rôle est de favoriser une certaine émulation et cohésion dans l'investissement de chacun. Ce n'est pas avec un claquement de doigts qu'on va retrouver un CA dominant son sujet. Ça va sans doute mettre un peu de temps. Mais tant que les progrès sont tangibles et visibles, la sérénité sera de mise autour de l'association de 1920. Assumer son statut, se remettre en question et ne pas penser que la saison écoulée augure forcément un autre exercice aussi beau et aussi enrichissant. Positiver, c'est bien tant que l'on n'attrape pas la grosse tête. En l'état actuel des choses, le salut clubiste passera forcément par une prise de conscience collective. L'équipe à battre est attendue au tournant. On ne lui fera pas de cadeaux. Pour garder son rang et maintenir son niveau par rapport à des concurrents qui se sont renforcés, le CA a étoffé son noyau de joueurs en vue de se mettre en situation de pouvoir répondre à toutes les sollicitations. L'équipe a certes soufflé le chaud et le froid lors des récentes sorties d'intersaison. Mais on a tout de même perçu une formation efficace quand elle est en forme, et surtout, quand elle a envie de jouer ensemble. Vu sous cet angle, ce CA-là a prouvé que c'est un onze aux principes de jeu forts construits autour d'un projet. Le premier examen de la saison approche à grands pas face aux Bardolais. Un éventuel succès suffirait à gommer bien d'incertitudes...et de malentendus.