La nouvelle génération de politiciens nés après la révolution a-t-elle perdu la confiance des Tunisiens ? En tout cas, le sondage de l'institut Emrhod Consulting, publié le 30 décembre, va dans ce sens et confirme le constat. Les résultats indiquent que seulement 32% des sondés sont contre un gouvernement apolitique, alors que 46% estiment nécessaire de voir un gouvernement formé uniquement de technocrates. 2019, année électorale, s'est démarquée par un considérable marathon d'élections inédit en Tunisie, résultant principalement du décès brusque du président de la République feu Béji Caïd Essebsi, ayant conduit à la modification du calendrier électoral et à l'organisation d'élections présidentielles anticipées. Une année qui s'est distinguée également par la formation d'un nouveau paysage politique et parlementaire atypique marqué notamment par l'ascension de nouvelles forces et le retour d'anciens courants politiques. Si 2019 s'est présentée comme étant une année parfaitement politique, c'est aussi en raison des tractations et négociations portant sur le processus entravé de la formation du gouvernement conduit par le chef du gouvernement désigné Habib Jemli. Un processus ayant duré plus de six semaines pour annoncer un gouvernement provoquant la crainte et les doutes des Tunisiens quant à la capacité de leur élite politique de s'entendre et faire émerger une équipe gouvernementale capable de conduire le pays tout au long des cinq prochaines années, notamment dans une conjoncture économique peu confortable. La nouvelle génération de politiciens nés après la révolution a-t-elle perdu la confiance des Tunisiens ? En tout cas, les résultats du sondage de l'institut Emrhod Consulting publié, le 30 décembre dernier, vont dans ce sens et affirment le constat. En effet, les résultats de son dernier sondage d'opinion réalisé les 27 et 28 décembre dernier indiquent que seulement 32% des sondés sont contre un gouvernement apolitique alors que 46% estiment nécessaire de voir un gouvernement formé uniquement de technocrates. Ainsi, les Tunisiens soutiennent en majorité, la décision du chef du gouvernement désigné Habib Jemli qui a annoncé, suite à l'échec de la formation d'un gouvernement politique, que sa nouvelle équipe gouvernementale sera formée uniquement de compétences nationales. Ceci étant dit, la fracture entre les Tunisiens et toute la classe politique ne cesse de croître et les résultats des récentes élections législatives et de la présidentielle ont confirmé cette tendance. L'accession à la présidence de la République de Kaïs Saïed, un indépendant professeur universitaire, qui a raflé plus de 70% des voix des Tunisiens ne peut, aussi, que confirmer ce constat. Un tel constat qui s'explique également par le crédit de popularité des politiciens et des partis politiques et notamment par la crise de confiance entre Tunisiens et classe politique. L'analyse des données des différents baromètres politiques montre que la confiance des Tunisiens dans le personnel politique épouse de plus en plus une ligne de fracture qui passe entre les membres des classes supérieures, dotés de ressources économiques importantes, et les personnes appartenant aux catégories sociales les plus modestes. D'ailleurs, les citoyens qui rejettent globalement le personnel politique sont devenus de plus en plus nombreux, notamment dans les rangs des jeunes tunisiens. Kaïs Saïed satisfaisant Toujours dans le cadre de ce sondage d'opinion réalisé, rappelons-le, par Emrhod Consulting, 56% des personnes interrogées se sont dites satisfaites du rendement du président de la République Kaïs Saïed. 41% ont affirmé également qu'ils voteraient pour lui, si les élections étaient refaites. En contrepartie, seulement 28% des sondés sont satisfaits du rendement du chef du gouvernement chargé d'expédier les affaires courantes, Youssef Chahed, alors que Rached Ghannouchi, président de l'Assemblée des représentants du peuple, arrive en bas de ce classement, avec seulement 17% des personnes satisfaites de son rendement. Pour ce qui est des intentions de vote pour les élections législatives, le PDL réalise la grande surprise en se plaçant en tête des intentions de vote « hypothétiques » pour d'autres législatives avec 7,8% des voix contre 7,5% pour Au Cœur de la Tunisie et 6,9% pour Ennahdha. Les derniers développements sécuritaires et politiques en Libye, notamment après la récente position de la Turquie qui projette d'envoyer ses troupes dans ce pays, intéressent tant les Tunisiens. 68% des sondés se sont dits, en effet, concernés par les affaires libyennes et 79% d'entre eux ont estimé que la situation en Libye a et aura un impact direct sur la Tunisie et sur sa stabilité.