Portrait tout en tendresse d'une artiste avec qui la vie n'a pas été très tendre. Un documentaire en ce moment aux cinémas Le Colisée et l'Agora. «Je rendrai tout pour pouvoir marcher de nouveau tranquille dans la rue», avait dit Amy Winehouse à l'une de ses amies proches, peu avant sa mort le 23 juillet 2011, à l'âge de 27 ans. Sa voix cassée annonçait le début de la fin, que retrace le documentaire qui lui est consacré, «Amy» d'Asif Kapadia, en projection en ce moment aux cinémas Le Colisée et l'Agora. Ce portrait de deux heures de l'artiste a été présenté au dernier festival de Cannes lors des séances de minuit, et sorti dans les cinémas le 8 juillet dernier. La chanteuse de jazz a commencé sa carrière très jeune et a vécu un concentré de moments forts et de déceptions. Son talent phénoménal lui a valu d'être adulée par le public et harcelée par les médias. En peu de temps, elle se retrouve propulsée aux devants de la scène d'un monde sans répit, qui finira par l'achever. «Je voulais comprendre qui était Amy Winehouse», a déclaré Asif Kapadia dans une interview. Celle dont les médias ont souvent transmis l'image d'une fille à problèmes est montrée dans le film sous ses différentes facettes, mais toujours en tant que Amy, la personne qui se cache derrière la star éphémère. C'est là où a choisi de se placer le réalisateur, du côté de l'humain. Asif Kapadia n'a jamais connu Amy Winehouse et ne l'a jamais filmée. C'est une prouesse qu'il réalise avec ce film entièrement fait d'enregistrements de castings, de tournées et d'émissions, et de vidéos de famille. Mais le point de vue est bien là, dans les images, la voix off, dans le texte et entre les lignes des chansons écrites par l'artiste. Celles-ci rythment le documentaire, avec la voix suave d'Amy mais surtout comme des unités de sens et des balises marquant les étapes de sa vie. L'auteur-compositeur- interprète n'a parlé dans ses disques que de son monde privé et ses tourments, et de l'amour dont elle a beaucoup manqué. Amy a été une enfant et une femme mal aimée. Un aspect important de sa vie qui a causé sa fragilité, succombant à la boulimie, l'anorexie, l'alcool et la drogue. Son corps n'a pas supporté ce cumul et elle s'est éteinte en 2011, rejoignant le fameux club des 27. Autant Asif Kapadia montre comment, d'une fille talentueuse, intelligente, séduisante et pleine de vie, Amy glisse vers une femme abattue, autant il est impitoyable avec son entourage, notamment son père et son ex-mari, qui n'ont pensé qu'a profiter de sa gloire, sans lui tendre une main salvatrice. Il y a aussi et surtout les médias qui n'ont pas ménagé la jeune femme. Le réalisateur d'Amy le leur rend bien en montrant comment ils peuvent gâcher un talent et briser une vie. En deux heures de temps, on rit et on s'émeut sur fond de voix et d'images d'Amy Winehouse. Un film à voir, pour la mémoire de cette artiste au talent hors pair et cette femme partie trop tôt, faute d'amour.