Pendant la soirée d'ouverture, le cinéma tunisien rend hommage à la vie et retrace sa propre histoire Le coup d'envoi de la quatrième édition de la rencontre des réalisateurs de films a été donné mercredi soir au Rio à Tunis. Organisé par l'association des réalisateurs de films tunisiens, cet événement ne se contente pas de repasser les films de la saison. Le programme comporte cette année de nombreuses premières et nouveautés. De quoi faire les rattrapages sur l'absence de films nationaux pendant les JCC. Les films de la rencontre seront principalement vus par des Tunisiens et c'est déjà un acquis si le public répond présent. Cher public, il faut y aller. C'est important de connaître ce que notre culture donne en images. Le prix du billet est symbolique (1.5D) et la diversité est au rendez-vous entre longs-métrages, courts-métrages et documentaires. Pour le choix des films à voir, à chacun de faire le tri. Les films de cette édition permettent d'en savoir plus sur l'histoire du cinéma en Tunisie, comme de connaître ses nouvelles tendances. Il y a déjà deux films importants qui sont passés pendant la soirée d'ouverture mercredi dernier au Rio. Importants pour la mémoire du cinéma en Tunisie, puisqu'ils sont dédiés à deux personnages-clé qui l'ont influencé. Tahar Cheriaa, à l'ombre du baobab, de Mohamed Challouf, est, comme son nom l'indique, un hommage au fondateur des JCC Tahar Cheriaa. Quant au deuxième film, il est signé Khaled Barsaoui et retrace le parcours exceptionnel du producteur tunisien Ahmed Bahaeddine Attia dans son film intitulé Ahmed Attia, trapéziste sans filet. Ces deux hommages seront suivis par d'autres pendant les quatre journées des rencontres, consacrés à René Vautier, Nacer Kasraoui, Omar Jaziri et Ahmed Lekhchine. Après une présentation par le réalisateur Fethi Doghri et des mots d'encouragement de la part de la ministre de la Culture, Latifa Lakhdhar, la projection est lancée. Tahar Cheriaa, à l'ombre du baobab passe le premier. Ce film d'une durée de 70 minutes ne rate aucun détail de la contribution de ce militant pour le cinéma tunisien et africain. Il ne rate en fait, aucun détail de la vie de ce grand homme, une vie pleinement consacrée au cinéma. Depuis l'enfance dans son village près de Sayada, à ses études et à sa passion pour le cinéma, à laquelle il a consacré toute sa vie. Bien filmé et riche en ressources, ce documentaire est fait avec les tripes et témoigne de toute la tendresse et l'estime que porte le réalisateur pour son personnage. La détermination de Mohamed Challouf en ressort et elle a donné ses fruits dans ce portrait haut en couleur où le réalisateur n'hésite pas à suivre Tahar Cheriaa dans ses voyages ou à aller chercher un témoignage dans les pays de ses amis cinéastes, comme Tawfik Saleh et Osmane Sembène. Filmé de 1985 à 2010, peu avant la mort de Tahar Cheriaa, A l'ombre du baobab est un vibrant hommage mais aussi un document important sur l'histoire du cinéma en Tunisie et en Afrique. Ahmed Attia, trapéziste sans filet vient compléter cette historisation. Dans son documentaire de 52 minutes, Khaled Barsaoui retrace, à travers le portrait du charismatique et controversé producteur, un grand chapitre de l'évolution du cinéma en Tunisie et en Afrique. On doit en effet à Attia des films marquants, comme les premiers films de Nouri Bouzid, Le silence des palais, de Moufida Tlatli, Le Sultan de la Médina, de Moncef Dhouib et L'enfant des terrasses, de Férid Boughedir. A travers des témoignages et des images d'archives, toute cette période allant des années 80 aux débuts des années 2000 est éclairée. Khaled Barsaoui tente également de faire le tour de la personnalité et de l'œuvre de Bahaeddine Attia qui est passé par des moments de gloire et des moments difficiles. Ressort de ce film le portrait d'un homme passionné de cinéma, pour qui l'argent n'était qu'un moyen de transformer les idées en images. Tahar Cheriaa, à l'ombre du baobab et Ahmed Attia, trapéziste sans filet viennent marquer un moment-charnière, où le cinéma en Tunisie prend du recul et est prêt à passer à autre chose. Pour tous ces hommes qui ont marqué les débuts du cinéma en Tunisie et pour la jeune génération qui s'impose et trace son propre parcours, allons voir des films. Les films peignent nos joies et nos peines, nos soucis et nos rêves. Ils sont importants de guerre comme de paix.