Pour avoir oublié les bonnes manières de l'attaque, les Stadistes risquent de se heurter à un handicap à court terme et une menace pour l'avenir. Le désarroi est à la fois inévitable et injustifiable. La question qu'on continue encore à poser, et à laquelle on n'a pas toujours trouvé de réponse, concerne les aptitudes offensives du Stade Tunisien et la marge de manœuvre de ses attaquants. Ici et là, le travail accompli, les approches élaborées sont pauvres en inspiration et affichent une impuissance inédite pour une équipe qui n'a marqué aucun but depuis le début de saison et dont les attaquants n'arrivent pas curieusement à trouver le chemin des filets. Ce n'est malheureusement pas une surprise, plutôt une disproportion offensive: le jeu d'attaque stadiste est entraîné dans une spirale à multiples facettes: inefficacité, maladresse, manque d'inspiration, absence de réaction. Le bricolage a ses limites. Voilà, en tout cas, tant de matches que l'attaque du ST navigue à vue. Pendant toutes les rencontres de la nouvelle saison, ce sont toujours, ou presque, les mêmes noms et les mêmes visages qui reviennent. Certains sont usés, alors que d'autres n'ont rien apporté à l'équipe. Avant-hier contre le CSS, l'équipe stadiste a joué une bonne deuxième mi-temps. Plus encore, elle a réussi la plupart du temps à contrôler le jeu, elle est même parvenue à se créer de bonnes occasions de but. Dans des moments, elle donnait aussi l'impression de tout faire, sauf cependant l'essentiel. Il faut dire que le joueur capable de mettre le ballon dans les filets ne faisait pas partie d'une formation qui s'est contentée la plupart du temps de jouer loin de la phase de réparation. Il faut dire qu'il ne s'agit pas seulement de considérations individuelles ou collectives, mais plutôt de l'absence de projets sportifs, d'un accomplissement partagé. Le Stade semble ignorer que l'avenir du football est fait de jeu et d'attaque. Mais le jeu stadiste et le comportement des joueurs sur le terrain sont restés structurellement prisonniers d'une organisation et de structures qui datent pratiquement de l'âge de pierre. Pour avoir oublié les bonnes manières offensives, il risque toujours de se heurter à un handicap à court terme et une menace pour l'avenir. Au vu de ses limites d'attaque, on se demande s'il est vraiment capable de s'acheter une nouvelle conduite en prévision des prochains matches et des exigences qui se font de plus en plus pressantes. Un avenir pas tout à fait rassurant !... Sur le terrain, le génie et le talent sont en voie de congélation. Reconnaissons cependant que les prémices de cette dégénérescence s'étaient manifestées de manière assez nette depuis quelque temps et que rien depuis n'a été fait pour les endiguer. Le Stade continue à pâlir et personne ne semblait s'en soucier. Par peur? Par aveuglément? Par incompétence? Les faiblesses conjoncturelles s'ajoutent aux insuffisances congénitales, les mauvais choix se multiplient, les options fantaisistes s'accumulent, les principes se diluent, la cohérence s'évanouit. D'une déception à l'autre, d'un abandon à l'autre, le désarroi stadiste est à la fois inévitable et injustifiable. Il désespère de plus en plus ses plus fidèles supporters, sans qu'une trajectoire aussi déclinante ne paraisse soulever une réelle prise de conscience, ni entraîner une mobilisation de tous les instants. Entre résultat et manière, l'équipe avance insensiblement au-devant d'un échec annoncé. Cela, personne ne semble aujourd'hui l'ignorer car sur les défaillances et le gâchis d'une équipe minée par un vide existentiel, se profilent déjà les dessous d'un avenir pas tout à fait rassurant. Il ne faut pas chercher ailleurs les raisons d'un vrai malaise et d'une profonde interrogation sur un club qui ne travaille plus suffisamment ses fondamentaux. Dans la mesure où plus personne ne semble s'inquiéter de ce qui se passe, on ne s'étonne pas des arguments et des justifications lancés ici et là au moment où la présence et même la compétence, de certains ne sont plus souhaitées... Que ce soit sur le plan purement sportif, ou d'ordre administratif et structurel, l'équipe a toujours la même carte d'identité, mais pas le même talent. On ne voit pas comment elle est tombée si bas sans que la responsabilité du bureau directeur actuel ne soit totalement engagée. Ignorés jusqu'ici sous l'effet d'arguments erronés, les véritables besoins et impératifs ne semblent pas en effet être placés à leur juste valeur. On tarde encore à retrouver la bonne direction et encore moins à donner une raison d'être la manière de jouer de l'équipe. Le problème se situe au niveau du groupe, des individualités, des noms, des aptitudes et des compétences, des approches. On ne voudrait pas ici trop alourdir, mais sur les détails il y a lieu de s'inquiéter à la vue de l'incapacité des joueurs à s'imposer et à faire la différence. L'idée de repartir sur un nouveau cycle n'est pas seulement souhaitée, mais plus que jamais exigée. Notamment avec une équipe recomposée, avec moins de tension et surtout une approche de jeu complètement différente. C'est pourquoi il faudrait trouver les joueurs capables de faire prendre la mayonnaise, de trouver la bonne alchimie face aux impératifs du moment. Les signes de redressement font toujours défaut. Les comportements distants aussi. Mais le ST ne devrait pas pour autant se démonter. Il n'a pas le choix. Il est obligé de chercher son salut sans relâche. Le jeu, la créativité et l'inspiration pour thérapie.