Un manque à gagner fiscal de 90 MDT, soit 0.12% du PIB Le centre tunisien de veille et d'intelligence économique relevant de l'Institut arabe des chefs d'entreprises a publié, récemment, une note de veille pour mettre en exergue les conséquences fâcheuses des attentats terroristes sur l'économie nationale et évaluer le prix à payer dans la guerre contre le terrorisme. La menace terroriste peut être considérée comme un phénomène nouveau qui constitue un défi à relever dans les plus brefs délais. Les conséquences des actes terroristes commis au musée du Bardo et dans un hôtel à Sousse ont été néfastes pour le secteur touristique et d'autres secteurs. Cette guerre contre le terrorisme aura un coût qui sera incontestablement élevé. Un lourd fardeau Le plus grave est que les attentats de mars et juin 2015 et la montée de la menace terroriste ne font que détériorer la position et le classement de la Tunisie à l'échelle mondiale. Si en 2014 la Tunisie avait occupé la 46e position sur 162 pays selon l'Indice mondial du terrorisme, élaboré par l'«Institute for Economics & Peace», on doit s'attendre, pour 2015, à un déclin sans précédent, estime le centre de veille. La lutte contre le terrorisme a donc un coût financier, humain et médiatique. Dans l'impossibilité d'évaluer le coût humain et médiatique de cette guerre, le centre de veille a essayé d'évaluer l'aspect financier. Le coût financier d'une éventuelle attaque terroriste en Tunisie sera vraiment insupportable. La note publiée par le centre de veille s'est intéressée à l'impact des actes terroristes passés et au coût économique d'un éventuel acte terroriste à moyen et long terme. Un fardeau économique sera supporté par l'Etat au cas où une attaque terroriste serait perpétré. Des effets sur les finances publiques, des pertes de revenus et un ralentissement de la croissance au niveau national pourraient se produire. Un impact sur l'investissement direct étranger pourrait également être constaté. Il est vrai que le phénomène du terrorisme a pris de l'ampleur après la révolution, d'autant plus que la période de transition s'est caractérisée par un affaiblissement des bases sécuritaires, économiques et sociales. Des mouvements radicaux et des groupes terroristes ont fait leur apparition. Par conséquent, l'économie nationale continue encore, et plus que jamais, à supporter les coûts du terrorisme et de l'instabilité. Les budgets des ministères de l'Intérieur et de la Défense ont augmenté en 2014 et en 2015 de 11% et 14,5% pour atteindre, respectivement, 2.615 MDT et 1.792 MDT. En 2015, cette augmentation s'est traduite, principalement, par une baisse du budget du ministère de l'Emploi de 730 MDT, soit 72% par rapport au budget de 2014. Cette contraction budgétaire s'est traduite en 2014 par d'autres révisions à la baisse d'autres ministères comme ceux du développement et de l'Agriculture respectivement de 3.3% et de 10%. Ainsi, le financement de la lutte contre le terrorisme s'est fait au détriment du développement économique et social. De ce fait, le coût financier peut être estimé par le budget additionnel alloué aux ministères de l'Intérieur et de la Défense qui s'élève à 500 MD, soit 0,67% du PIB. Hormis l'augmentation des dépenses, les ressources du budget de l'Etat seront également révisées à la baisse, d'après le centre de veille. C'est ainsi que la baisse de la TVA sera de 33% suite à la décision du Conseil ministériel restreint du 29 juin 2015 consacré au secteur du tourisme. La TVA dans le secteur touristique passera de 12% à 8%. A noter que la TVA a permis en 2015 de collecter 5.338 MDT (en référence à la loi de finances 2015) et dans l'hypothèse où la contribution du secteur touristique à la TVA est proportionnelle à sa part dans le PIB. On peut citer aussi l'abrogation des timbres fiscaux de 30 DT, imposés aux touristes en partance de Tunisie. Si, en moyenne, 6 millions de touristes visitent notre pays, cette mesure aurait coûté à la Tunisie, à partir du 1er juillet 2015, un manque à gagner fiscal de 90 MDT, soit 0,12% du PIB. Un nouvel acte terroriste sera très coûteux pour le secteur du tourisme et portera atteinte aux emplois directs et indirects.