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Le terrorisme économique :
Le cas tunisien
Publié dans WMC actualités le 18 - 08 - 2014

Si le terrorisme a toujours marqué l'histoire humaine, la recherche scientifique ne s'est effectivement intéressée à ce phénomène qu'à partir du début des années 1970. L'économie, au même titre que plusieurs branches des sciences humaines, fait alors partie des disciplines fondatrices en matière de son étude approfondie. La théorie économique s'est concentrée sur la modélisation microéconomique des comportements mais aussi sur la quantification macroéconomique des conséquences de la terreur.
L'intention du terrorisme est de semer la panique et la peur, par des avertissements, d'abord, et par un passage à l'action, par la suite, et ce dans le but de réaliser certains objectifs. Généralement, une condition terroriste implique un risque, senti comme endémique, d'attaques ciblées et renouvelables, contre les forces sécuritaires, visée privilégiée, leurs pouvoirs et leurs rôles, et également contre le fonctionnement des infrastructures vitales pour la société, et qui comportent souvent des maniements psychologiques.
Les intentions des terroristes sont diverses: politiques, idéologiques mais aussi religieuses, et constamment s'inscrivant dans un contexte bien déterminé. Elles s'expriment dans des situations qui exhortent à l'action directe, et la soutiennent. Les motivations d'ordre économique sont le plus souvent secondaires. Néanmoins, un système économique très fragile et injuste, et la disposition sociale et politique qu'il engendre, procure des orientations et des prétextes. Il est fréquent que les cibles économiques soient touchées comme symboles du pouvoir contesté.
La situation en Tunisie
Depuis plusieurs mois, il ne se passe pas un jour, en Tunisie, sans que l'on entende parler de menaces ou d'attentats terroristes, notamment contre des symboles et surtout contre le dispositif sécuritaire; le terrorisme et les agitations qui en découlent de cette ampleur dans le pays constituent, relativement, des risques «jeunes».
Enfoncés dans une situation économique difficile et floue, les Tunisiens connaissent ces jours-ci une des périodes les plus difficiles depuis janvier 2011: crises de différentes natures et guerre terroriste.
Il est alors impératif pour la Tunisie, en général, et pour les acteurs économiques, en particulier, de se concentrer sur les conséquences économiques du phénomène terroriste.
Dans toutes les opérations terroristes, la dimension économique est tangible; elle l'est aussi dans les politiques d'évitement ou de lutte contre le terrorisme. Ces actes mobilisent et répartissent des ressources qui ont un coût direct et d'opportunité. Leur utilisation impacte les finalités et l'aversion au risque, les approches de couverture, les procédés économiques, leur organisation et leur efficience.
Ainsi, et d'après une enquête menée récemment par le Centre tunisien de veille et d'intelligence économique (CTVIE) qui a présenté une reprise moyenne de l'indice global de la confiance sectoriel de 34,3% entre les premiers trimestres 2013-2014, il est attendu qu'au terme des neufs premiers mois de l'année en cours que cet indice connaisse une dégradation remarquable en raison de plusieurs facteurs liés en l'occurrence à l'évolution des coûts à la production, les prix sur les marchés et aux effectifs globaux des salariés.
Le tourisme et les investissements directs étrangers sont déjà des secteurs touchés en raison de la baisse des flux financiers générés respectivement de 15,7% fin juin 2014 et de 24,7% au terme du mois de mai 2014 par rapport aux moyennes des évolutions enregistrées durant les cinq dernières années.
Il est prévu, de même, que les attentats terroristes puissent dissuader aussi bien les touristes que les investisseurs à visiter le pays.
Les effets financiers sur les marchés de capitaux ont été aussi sensibles nonobstant l'enregistrement d'un déficit record de la balance courante des échanges extérieures de 7,68 milliards de dinars, soit 5,3% du Produit intérieur brut (PIB) pour juillet 2014, selon les données du l'Institut national de la statistique.
Cartographie des risques terroristes et investissements internationaux
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Source : Trends-Tendances, Amid Faljaoui, Bruxelles Media Centre Juin 2013
Globalement, on peut admettre que le choc terroriste ait pesé lourdement sur les performances économiques du pays, notamment dès le début de l'année en cours. Et pour cause: le bulletin trimestriel d'information économique de la région MENA, qui a été édité le 7 du mois courant par la Banque mondiale, fait état pour les pays de la zone -dont fait partie la Tunisie- de l'ampleur des défis pour maintenir un taux de croissance viable, et considère que les prévisions, en la matière, doivent être revues compte tenu de plusieurs facteurs objectifs.
On évoque, à cet effet, l'aggravation soutenue du déficit budgétaire en raison des insuffisances de plus en plus lourdes en ce qui concerne la gouvernance et la gestion des finances publiques, chose qui a limité le potentiel d'investissement et de l'emploi et n'a pas permis d'instaurer les jalons d'un climat d'affaires permettant la prospérité du secteur privé. Le rapport a mis en grade contre l'amplification de la frustration des jeunes souffrant largement du chômage et s'est attardé en détail sur le fléau de l'insoutenabilité du niveau actuel de la dette extérieure.
Il a été recommandé l'adoption de nouvelles politiques monétaires, militaires et sécuritaires, des stratégies de relance par les entreprises, et la dynamisation des marchés financiers afin d'assagir les craintes et d'apaiser l'ampleur des risques qui guettent en particulier les marchés de l'emploi et de biens et services.
Perspectives
A ce jour, il est difficile de spécifier de manière fine l'effet des attaques terroristes actuelles en Tunisie pour estimer leur impact sur une éventuelle baisse conjoncturelle voire structurelle de l'activité.
Cependant, d'après une note sur l'économie du terrorisme, élaborée au niveau de l'Académie de la Paix et de la Sécurité internationale en 2006, et qui a porté sur l'étude du comportement de l'économie d'un échantillon représentatif de pays des continents américain et européen qui ont été touchés par de vagues terroristes dévastatrices entre 1991 et 2007, le taux annuel de croissance du Produit national, en termes réels, a connu, par période, une régression moyenne variant entre 0,5% à 1%.
L'interprétation des données a confirmé aussi que les indices sectoriels ont baissé en suivant la tendance du Produit national de 4 à 5% durant la période d'étude dans son ensemble. L'emploi a régressé d'autant. Quant au taux réel de change, il a subi, globalement, une faible baisse.
Mis à part les investissements directs étrangers, la formation du capital résulte essentiellement du taux d'épargne privée. Le terrorisme et la violence ne précarisent pas seulement le capital financier, ils font également reculer le taux d'épargne ce qui est constaté d'une manière inquiétante en Tunisie depuis le début de l'année de 2012.
Par ailleurs, on estime aujourd'hui que les troubles liés aux violences terroristes ont eu un effet remarquable sur la demande en volume et en valeur et ont causé un recul de quelques 5 à 7% de la propension marginale à consommer.
Il est fort attendu que la vague terroriste qui sévit actuellement ne modifiera pas seulement le volume, mais aussi la composition des investissements et la structure globale au niveau du marché de l'emploi et des capitaux. Constamment, à l'apogée des chocs de cette catégorie de risques, les investissements dans la construction connaissaient une progression particulièrement sensible. En cas d'arrêt du terrorisme, on estime qu'ils diminueraient contre un affermissement des investissements en biens d'équipement.
Le terrorisme occasionne aussi des préjudices non négligeables au niveau du commerce international.
Les analyses des flux commerciaux montrent qu'en cas d'amplification de la fréquence des attaques terroristes, le solde des échanges s'inscrit dans une position de déséquilibre, ce qui est parfaitement le cas dans notre pays, d'où un fort repli des gains de prospérité.
Sur un autre plan, après des attaques terroristes, les médias se font abondamment l'écho de leurs effets à court terme sur les marchés boursiers. Le terrorisme réduit les perspectives de bénéfices des entreprises, cela se répercute sur le cours des actions et les autres valeurs mobilières en circulation.
Les effets à long terme ont fait l'objet de différentes études. En se référant aux années 2008-2010, on peut estimer que sur la Place de Tunis, sans les violences, le principal indice des actions Tunindex aurait été supérieur d'environ 15% à ce qu'il en est actuellement.
On vient d'invoquer l'effet négatif du terrorisme sur le développement économique au sens général. A ce niveau, une des difficultés auxquelles se heurte l'évaluation tient au fait qu'on ne sait pas comment le revenu national et l'allocation des ressources pourraient évoluer sous le terrorisme. Pour tenter d'y remédier, plusieurs analystes comparent le pays frappé par de nombreuses attaques terroristes à une «unité synthétique» en mettant en parallèle l'évolution effective du revenu national et celle de l'unité synthétique.
On constate que le revenu par habitant diminue, généralement, de quelque 10% sur des échantillons représentatifs observés depuis 1990 en raison du terrorisme.
Bien sûr, la disparité entre les évolutions effectives et hypothétiques s'accentue lorsque le terrorisme s'aggrave.
L'impact économique, on l'a dit, ne constitue qu'une des conséquences du terrorisme. Il ne dit rien de la peur, du deuil et de la souffrance subis par la population.
Dans des analyses appliquées à certains pays, il a été démontré dans quelle mesure les attaques terroristes diminuent la «satisfaction de vie». Même s'il faut utiliser les chiffres qu'on vient d'avancer avec prudence au vu de leur caractère empirique, ils montrent tout de même que les coûts globaux du terrorisme sont de plusieurs fois supérieurs aux conséquences purement économiques.
Ainsi, l'accroissement du terrorisme et l'enchaînement des réactions sécuritaires ont orienté, largement, les débats et les propositions vers une inclusion de la sécurité dans le développement durable, et sur le sens et les exigences d'une sécurité économique à long terme pour les diverses parties à l'échange. On appelle, dans ce contexte de réflexion, au choix de politiques mieux raisonnées et concertées entre les acteurs publics et privés du développement.
Les risques sécuritaires doivent aussi engager les responsables à appliquer plus rigoureusement et plus rapidement des principes de précaution, dont les effets économiques sont encore mal appréciés.
Dans le secteur public, la prévention provoque sans doute une hausse des budgets militaires et de sécurité nationale, financée en général et dans une large mesure en déficit. Cet effort, directement imputable à la guerre contre le terrorisme, creuse l'écart, notamment sur le plan technologique au niveau des capacités de défense, tout en incitant, inopportunément, à renoncer rapidement à la distribution des «dividendes de la paix».
Par ailleurs, les lois sécuritaires entraînent aussi un contrôle coûteux et un renforcement de contrôle des flux financiers, ce qui accroît les contraintes du secteur financier. Ces contrôles devraient cependant faciliter la lutte contre le risque terroriste.
*Spécialiste en gestion des risques financiers


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