Comment capitaliser, sur les plans régional et international, le prix Nobel de la paix remporté par le Quartette parrain du Dialogue national ? Houcine Abassi, Wided Bouchamaoui, Abdessattar Ben Moussa et Mohamed Fadhel Mahfoudh vont devoir, à Oslo, porter haut et fort les couleurs de la Tunisie Après l'euphorie suscitée à la suite de l'obtention par le Quartette du Dialogue national du prix Nobel de la paix 2015, une question se pose : comment va-t-on au mieux tirer profit aux plans régional et international de ce prix afin de revaloriser l'image de la Tunisie et lui rendre son éclat terni ces derniers mois par les attentats terroristes ayant poussé plusieurs pays de l'Europe à considérer la Tunisie comme un pays à haut risque et à conseiller à leurs ressortissants d'éviter de s'y rendre ? En plus clair, comment vont se comporter les récipiendaires du prix Nobel (le Quartette du Dialogue national) quand ils seront invités, tout au long de l'année 2016, par la Fondation Nobel, à parler dans les différentes capitales du monde de l'expérience tunisienne en matière de dialogue et de consensus, ce qui leur a valu la reconnaissance du monde et la récompense suprême, celle d'être consacrés comme les apôtres de la paix et du dialogue ? Notre expertise est à la disposition de tous Du côté de la Ligue tunisienne de défense des droits de l'Homme (Ltdh), on est conscient des nouvelles responsabilités que le prix fait assumer au Quartette en matière de promotion à l'intérieur et à l'extérieur «de la culture du dialogue et du consensus dont il faut faire le premier réflexe en affrontant n'importe quel différend ou désaccord», comme le souligne Ali Zdini, vice-président de la Ligue. Il ajoute : «Le Quartette a été récompensé parce qu'il a réussi à consacrer le droit à la différence, le devoir d'accepter l'opinion de l'autre et à faire de la tolérance une valeur suprême. Aujourd'hui, nous avons le devoir d'être au niveau de cette distinction que le monde entier nous reconnaît. Notre expérience et notre savoir-faire sont à la disposition de nos frères et amis. Nous pouvons, à titre d'exemple, aider le nouveau gouvernement libyen à dépasser, par le dialogue et le consensus, les problèmes qu'il aura à rencontrer». Le Quartette envisage-t-il d'élaborer une stratégie commune de valorisation de l'approche tunisienne de dialogue sur la scène internationale ? «Pour le moment, nous savourons encore les effets du prix. Il est sûr que les membres du Quartette décideront ensemble de la stratégie de valorisation de la gratification dont ils viennent d'être l'objet. Notre objectif est d'améliorer l'image de la Tunisie et de reconquérir la confiance de nos partenaires à l'étranger. Nous sommes déterminés à tirer les meilleurs dividendes possibles du prix Nobel de la paix», souligne encore Ali Zdini. Le marketting commence maintenant Abderrazak Hammami, secrétaire général du Parti du travail patriotique démocratique, considère que «le prix a chargé le Quartette de nouvelles responsabilités, celles de faire le marketting intelligent de cette reconnaissance internationale qui montre que la Tunisie est une terre de paix et un Etat civil où le dialogue et le consensus sont érigés en principes fondamentaux de gouvernance. Désormais, il faut mettre un terme à cette image qui a fait que la Tunisie est présentée comme un pays où les terroristes font ce qu'ils veulent et où la violence et l'insécurité font peur aux investisseurs». Et Abderrazak Hammami de préciser : «Il est important que les membres du Quartette parviennent à exploiter intelligemment les retombées positives de l'obtention du prix Nobel de la paix. Je pense qu'aussi bien l'Ugtt que l'Utica ainsi que la Ltdh et le Conseil de l'Ordre des avocats choisiront les compétences les plus indiquées et leur confieront la mission de faire la promotion du modèle tunisien en matière de consensus et de dialogue à l'étranger». Non à l'exportation de l'approche tunisienne chez nos voisins immédiats Nizar Ben Saâd, universitaire et membre du bureau politique du parti Al Moubadara, considère qu'il y a trois principaux dividendes à tirer de l'obtention par le Quartette du prix Nobel de la paix. «D'abord, le retour des touristes pour redresser le secteur qui a été sinistré par les opérations terroristes qui ont frappé Sousse et Le Bardo. Ensuite, drainer les investissements étrangers directs et montrer aux investisseurs qui doutent encore que la Tunisie est un pays de paix et de sécurité. Enfin, mettre le cap sur la diplomatie économique, et les membres du Quartette auront à y jouer un rôle capital en rassurant ces mêmes investisseurs». L'approche tunisienne est-elle à exporter, plus particulièrement auprès de nos voisins libyens ? Nizar Ben Saâd estime qu'il «est hasardeux de chercher à intervenir dans le conflit interlibyen en proposant aux belligérants de suivre l'exemple tunisien. La situation est tellement compliquée que toute initiative dans ce sens sera mal interprétée».