Pour relever le défi du développement et de l'emploi, salariés et employeurs «n'ont d'autre choix que de travailler ensemble et d'être solidaires pour gagner la guerre de la compétitivité et réussir à se positionner sur le marché international» «Le développement inclusif et durable, l'équité, l'égalité, la responsabilité sociétale de l'entreprise "RSE", l'économie sociale et solidaire sont autant de termes d'actualité qui dénotent la nécessité de faire évoluer le rôle de l'entreprise et ses missions et de les enrichir par de nouvelles formes mieux adaptées aux exigences spécifiques d'un plus grand nombre de catégories sociales et de régions et à leurs attentes», souligne M. Tarek Cherif, président de la Conect. Sur le nouveau concept de l'économie solidaire, le président de la Conect précise que «ces mutations profondes reflètent les transformations que connaissent les sociétés dans les différents pays du monde et une prise de conscience généralisée de l'importance de consécration d'une nouvelle approche d'un développement durable, inclusif et équitable». Du coup, le rôle de l'entreprise ne peut se limiter, de nos jours, au seul aspect économique, mais doit aussi englober le volet social, sociétal et environnemental. C'est dire que l'entreprise est désormais devenue le moteur du développement économique et social et qu'elle doit être intégrée à son environnement. «La pérennité de l'entreprise en est même devenue étroitement liée». Et d'ajouter qu'en tant que jeune centrale patronale d'entreprises citoyennes, la Conect est pionnière dans le domaine. En lançant cette nouvelle organisation patronale, «nous n'avions nullement l'intention de se substituer à des structures existantes ou à refaire ce qui est déjà fait, mais plutôt à apporter le plus et à promouvoir une nouvelle culture de l'entreprise et une vision différente basée sur la responsabilité sociétale de l'entreprise», précise M. Cherif. Dès sa création, la Conect a veillé à lancer des actions correspondant à ses choix et à sa vision moderne et citoyenne du rôle de l'entreprise privilégiant les initiatives axées sur la solidarité, l'équité, le développement régional et la création d'emplois. Elle s'est même positionnée en tant que partenaire de référence dans plusieurs créneaux, dont notamment : la diaspora, l'encadrement et l'accompagnement des porteurs d'idées de projets dans le cadre d'un ambitieux programme avec QFF visant la création de plus de cinq cents entreprises dans quinze gouvernorats de l'intérieur du pays, la formation de nouveaux promoteurs, l'amélioration de l'employabilité des jeunes à travers une formule originale des entreprises d'entraînement, l'organisation d'un salon annuel de l'emploi «job Conect», l'insertion des handicapés, la promotion de l'économie et des emplois verts par le biais du projet Switchmed lancé avec l'Union européenne en partenariat avec le Citet et le lancement d'un label tunisien RSE. Multitude de programmes En dénombrant les différents programmes, le président de la Conect cite, entre autres, le programme «Thniti», un ambitieux projet qui symbolise la solidarité dans toutes ses dimensions régionale, nationale, internationale et interprofessionnelle avec l'appui de QFF et l'intégration à un réseau de partenaires techniques et financiers, dont, notamment, le réseau «entreprendre», la Bfpme et Taysir Microfinance, assurant ainsi la complémentarité et les effets de synergie recherchés. Le programme concerne pas moins de quinze gouvernorats sur les vingt-quatre du pays et vise la création de cinq cents projets sur trois ans dans des domaines innovants avec une priorité pour les projets initiés par des femmes ou en solidarité par des groupes de jeunes de formations complémentaires. Les porteurs de projets seront accompagnés par des coachs de la phase d'idée jusqu'au lancement effectif du projet et son entrée en activité, en passant par la formation, la préparation de business-plans, la recherche des financements nécessaires et la création de l'entreprise. Une autre spécificité de ce programme qui symbolise la solidarité dans toute sa grandeur est que des chefs d'entreprise expérimentés et adhérents à la Conect mettent tout leur savoir-faire à la disposition des nouveaux promoteurs de façon volontaire et bénévolement par le mentoring en accompagnant et conseillant les bénéficiaires dans leurs premiers pas dans le monde des affaires afin de réduire le taux de mortalité des projets qui constitue l'une des plus grandes menaces, surtout au cours des deux premières années de leur lancement. «Les résultats de ce programme qui a démarré vers la fin de l'année 2014 sont prometteurs. Les premières entreprises créées dans ce cadre commencent déjà à voir le jour dans certains gouvernorats», ajoute M. Cherif. Parmi les faits les plus importants qui ont marqué cette phase, notons le grand nombre d'idées de projets proposés dans chaque gouvernorat qui a dépassé souvent les cent cinquante et même les deux cents projets ainsi que leur caractère innovant. D'autres projets non moins importants figurent dans la palette des programmes de la Conect, dont le Programme Diamed : initié avec l'appui de l'Union européenne, ce projet vise l'incitation de la diaspora maghrébine à investir dans leurs pays d'origine. «C'est une autre forme de solidarité entre la diaspora et les milieux d'affaires dans le pays d'origine». Les projets s'insérant dans ce cadre peuvent être lancés par la diaspora de façon individuelle ou en partenariat avec des hommes d'affaires locaux ou du pays d'accueil. L'apport de la diaspora est sans commune mesure, surtout au niveau du transfert technologique et de l'adaptation de systèmes modernes et efficients de gestion à la réalité du pays d'origine. Une dizaine de promoteurs ont bénéficié de ce programme Diamed en plus des formations en soft skills et le coaching d'entrepreneurs dispensées à de nombreux jeunes diplômés et des placements à l'emploi. Un autre programme, celui de Switchmed, lancé en partenariat avec le Citet et l'appui de l'Union européenne. Ce programme vise la formation de cent soixante entrepreneurs pour développer de façon pratique des idées d'entreprises vertes, un domaine à forte valeur ajoutée et à grande capacité de création d'emplois où la Tunisie dispose de réelles potentialités et d'opportunités dans pratiquement toutes les régions du pays. Formation et accompagnement Idem pour le programme d'Aide au retour volontaire et à la réintégration Avrr, dont 146 Tunisiens ont déjà bénéficié, lancé en collaboration avec l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), et ce, pour leur retour volontaire de Suisse en Tunisie. Les intéressés bénéficient d'actions de formation et d'accompagnement pour le lancement de leurs projets et l'obtention de financements nécessaires avec une aide au retour. Education-inclusion-placement : une autre forme de solidarité est traduite à travers ce programme qui s'adresse aux jeunes handicapés pour garantir leur insertion dans la vie professionnelle. Les intéressés bénéficient de formation technique, de stages dans les entreprises, de coaching pour l'élaboration de leurs business-plans et d'accompagnement pour la création de leurs entreprises avec l'octroi de dons financiers fournis par des ONG et des fondations partenaires. Pour le programme des Entreprises d'entraînement «EE», l'objectif assigné est de réaliser avec l'appui de la Coopération suisse l'insertion des jeunes diplômés dans le monde du travail et des affaires, et l'amélioration de leur employabilité par le biais d'une formation en milieu virtuel parfaitement adapté au monde réel. Issues d'un transfert de know-how entre la Suisse et la Tunisie, les EE sont inspirées d'un modèle ayant fait ses preuves en matière de formation et d'insertion professionnelle, particulièrement en Suisse. Ancrées en Tunisie sur le secteur privé et vouées à offrir des services rentables, le modèle a largement été adapté aux besoins de l'économie tunisienne, ce qui en fait un dispositif totalement novateur avec un taux d'insertion de plus de 80%. «L'originalité de l'action de la Conect dans le domaine de l'économie solidaire, c'est que la jeune centrale patronale tunisienne a agi et passé au concret avec des résultats tangibles. Le cadre juridique et les mesures appropriées ne peuvent que suivre», poursuit le président de la Conect. C'est d'ailleurs le cas des entreprises d'entraînement, de l'économie verte, du Partenariat public-privé «PPP» ou du nouveau mode de financement «le crowdfunding» dont les cadres juridiques appropriés sont encore à l'étude ou en discussion. Et d'ajouter que «pour relever les nombreux défis auxquels le pays se trouve confronté, le développement durable, inclusif et solidaire ne doit nullement être perçu en Tunisie comme un choix, mais plutôt comme une nécessité et une condition sine qua non à la promotion de l'entreprise et à sa pérennité». Le sujet du développement du pays ne peut désormais être approché qu'en termes de partenariat, de solidarité et d'équité «loin des confrontations classiques désuètes entre les intérêts des employés et ceux des chefs d'entreprise». Pour relever le défi du développement et de l'emploi, les deux parties, salariés et employeurs, «n'ont d'autre choix que de travailler ensemble et d'être solidaires pour gagner la guerre de la compétitivité et réussir à se positionner sur le marché international et, partant, à se créer de manière continue des opportunités de création d'emplois et de richesses pour le pays et l'ensemble des citoyens».