Pour la première fois depuis 2011, nous subissons une contrainte qui atteint subitement un des acquis fondamentaux de la révolution : la liberté. Couvre-feu, confinement, interdiction des rassemblements, distanciation sociale, le tout imposé par un assujettissement sanitaire. Tout le monde devrait se soumettre aux mesures considérées à juste titre comme un impératif d'intérêt général. Au fait, sommes-nous prêts à renoncer à nos libertés pour contenir la pandémie ? Accepterons-nous autant de contraintes qui pourraient nous sauver et sauver les autres ? La pandémie de coronavirus pose des défis au gouvernement, à la santé publique, aux personnels médicaux, mais aussi aux Tunisiens, à chacun d'entre nous. Notre pays risque de passer à la troisième phase épidémiologique après l'enregistrement de dix nouvelles contaminations. Ce n'est pas le virus qui circule, ce sont les personnes qui le font circuler. Il n'y a qu'à regarder ceux qui continuent à prendre à la légère ce fléau, qui continuent à croire à la fiction comme si cela ne pouvait pas les atteindre, pour se rendre compte qu'ils agissent au mépris des consignes sanitaires. Le virus le plus dangereux, c'est eux. Il y a une telle inconséquence et une telle rapidité de propagation du virus, qu'il n'y a plus d'autre choix pour nous, citoyens, que de nous abstenir. Le confinement généralisé, c'est la meilleure solution. Car si l'on ne respecte pas les impositions et les prescriptions et si l'on n'applique pas les mesures préventives annoncées, l'épidémie continuera inévitablement sa course au grand galop et l'Etat sera contraint de mettre en œuvre des mesures encore plus contraignantes. Nous voilà en face de l'une des catastrophes les plus redoutables de l'histoire de l'humanité. Une crise inédite qui s'abat comme un coup du destin et impose des mesures exceptionnelles ; elle pose aussi des constats dont les réponses ne sont pas toutes bonnes à entendre. 475 morts en 24 heures en Italie. Il faut imaginer les conséquences sanitaires, les soignants ont été obligés de faire des choix. Sur fond de priorisation, ils se trouvent aujourd'hui dans l'obligation de choisir quel patient a le plus de chances de survivre. L'Italie, mais aussi l'Europe ferment boutique et Schengen s'écroule. Les images diffusées dans les réseaux sociaux sont accablantes : des villes prisées désertes, vides de tout être humain. Ce n'est plus uniquement la Chine, mais aussi l'Italie, l'Espagne, l'Iran, l'Allemagne, la France… Le pire, c'est qu'il s'agit d'un virus qui se diffuse facilement et dont les symptômes ne sont pas visibles rapidement, avec une phase de contamination longue. Il n'a pas besoin de tuer beaucoup, mais de toucher un maximum de monde. Mais à la fin, le nombre de morts est forcément très élevé. Nous voilà aussi en face d'informations et de scénarios que la plupart d'entre nous n'étaient pas prêts à entendre. On est à un niveau au-delà de ce qu'on pouvait imaginer. Mais serions-nous capables néanmoins d'y répondre ? Et en tirerions-nous des leçons, une fois la crise passée ? Peut-être que l'on pourrait apprendre de tout cela. Peut-être que par la suite, nos gouvernants accorderont plus d'importance à la santé et à la recherche.