La pandémie de coronavirus est entrée dans une phase critique. La crise est à un tournant qui place chacun de nous face à ses responsabilités. C'est incontestablement l'occasion de nous rappeler à nos devoirs. Si l'apparition de foyers épidémiques en Italie du Nord, et à un degré moindre dans d'autres pays européens, a changé d'un coup la perception de la maladie, les mesures de confinement imposées sont en train de ralentir la prolifération du virus, sans pour autant permettre d'endiguer complètement l'épidémie. Au-delà de l'aspect sanitaire, le coronavirus peut être également à l'origine d'un danger aussi effrayant : la contamination des esprits ! Ce qui veut dire que pour préserver la confiance des Tunisiens, la clarté et la transparence doivent être au centre du discours, de la méthode et de l'action publiques. Les Tunisiens seront mieux préparés s'ils sont correctement informés. Le coronavirus ne s'arrêtera pas aux frontières, « La situation est encore sous contrôle », c'est en ces termes que le chef du gouvernement, Elyes Fakhfakh, a rassuré les Tunisiens en annonçant une deuxième série de mesures destinées à lutter contre la propagation du coronavirus et applicables à partir d'aujourd'hui. Fermeture des frontières terrestres et suspension des liaisons aériennes pour les vols de passagers, séance unique à raison de cinq heures avec deux plages horaires, interdiction des rassemblements et report de toutes les manifestations sportives, économiques et culturelles. L'impact du coronavirus risque d'être très violent, s'il n'est pas limité dans le temps. Il y a tout lieu de penser que ce qui est vrai pour d'autres pays le sera pour la Tunisie si nos propres comportements individuels et collectifs ne respectent pas le minimum de bon sens, si nous ne mettons pas à l'abri nos proches, mais aussi l'ensemble de la collectivité. De la capacité des Tunisiens à assumer leurs responsabilités dépendront la résistance et l'endurance pour surmonter cette crise. La diminution des activités liées à cette pandémie pourrait certainement conditionner le quotidien des Tunisiens, encore faut-il nuancer ce constat. L'on n'est pas certainement censé gérer en fonction de ce que les autres pensent, mais dans le doute l'on ne peut que s'abstenir. On continue à croire que la crise risque d'être sévère, mais l'on espère encore qu'elle sera temporaire. Oui, le choc peut être important. Mais les conséquences qu'il est censé dégager nécessitent les accompagnements adéquats des pouvoirs publics. Indépendamment de son impact sanitaire, cette pandémie engendre forcément une crise économique. Il y aura certainement dans l'histoire de l'économie tunisienne, mais aussi mondiale, un avant et un après-coronavirus. La responsabilité d'assumer des décisions historiques et décisives, dans un contexte d'incertitude, avec tant de retombées sur le quotidien des Tunisiens et la continuité des activités économiques, relève de l'autorité de l'Etat.