Entre dissimulations, mensonges et omissions, le décompte macabre des victimes du nouveau coronavirus à travers le monde ne cessa défrayer la chronique: que des zones grises dans la communication officielle de plusieurs gouvernements démocratiques et des trous noirs entachant la propagande des Etats autoritaires. Au dernières nouvelles, la maladie Covid-19 a causé la mort de 3.335 Chinois, selon le bilan publié par l'université Johns Hopkins sur la base des informations communiquées par Pékin. Un chiffre déraisonnable qui n'est pris d'ailleurs au sérieux par personne, à commencer par les habitants de l'empire du Milieu eux-mêmes. À en croire la propagande du régime chinois, le virus aurait fait plus de morts dans l'État de New York (États- Unis) ou dans la région de Lombardie (Italie) que dans toute la Chine. Or, d'après plusieurs experts, le bilan réel serait dix pour ne pas dire cent fois plus. D'ailleurs, les informations distillées par la diaspora et la dissidence chinoise évoquent près de 60 000 morts. « Le gouvernement a réussi le tour de force de cacher la réalité de l'ampleur du drame. Je ressens cela comme quelque chose d'insupportable. Parce que dès la fin novembre, début décembre il y a eu les premiers cas. », souligne Marie Holzman, présidente de Solidarité Chine chez nos confrères de « Ouest France ». Parallèlement, dans un rapport du renseignement américain, relayé par plusieurs parlementaires US et remis à la Maison Blanche, a pointé du doigt, ouvertement, la version officielle chinoise sur le nombre des décès dus au coronavirus sur son territoire. Des chiffres qui seraient, selon ce document en deçà la réalité et fruits d'une dissimulation intentionnelle. Ces accusations de mensonges et de dissimulations ont été confirmées durant la fête traditionnelle de QingMing (fête des morts en Chine), l'équivalent de la Toussaint en Occident, célébrée samedi dernier. En effet, vu le nombre des urnes funéraires distribuées par le gouvernement chinois aux familles des victimes, le chiffre de 3.335 serait une grosse supercherie. Sous d'autres cieux, on passe de la dissimulation à l'omission comme c'est le cas en France avec le nombre des morts dans les établissements d'hébergement pour les personnes âgées dépendantes (Ehpad). Le jeudi 2 avril 2020, le point presse du directeur général de la santé, Jérôme Salomon a laissé tout le monde bouche bée devant l'hécatombe au sein des maisons de retraite en France. Au moins « 884 » personnes sont décédées dans les Ehpad, durement touchés par la pandémie. Toutefois, ces chiffres « très partiels », et leur collecte n'est pas encore totalement consolidée, a ajouté Salomon. Ainsi, avec les 471 décès entre le 1er et le 2 avril, sur les sites de comptabilisation des cas de contamination au Covid-19 et des morts, le bilan de la France a grimpé ce jour-là à 1355 décès S.V.P. ! Au total, depuis le début de l'épidémie, selon le bilan officiel rendu public, hier, par le ministère français de la Santé, l'Hexagone compte désormais 8.911 personnes mortes (+833 au cours des dernières 24 heures), dont au moins 2.417 dans les maisons de retraite et autres établissements médicaux-sociaux. Il faut dire que jusqu'au jeudi dernier, le décompte officiel ne prenait en compte que le nombre des victimes décédées en hôpital. Mais avec le nombre très important des morts dans les Ehpad, les autorités françaises ont fini par réviser leur stratégie de communication et remettre les pendules de leurs indicateurs à l'heure des maisons de retraite. Cependant, devant une telle catastrophe sanitaire, le ministre français de la Santé Olivier Véran a annoncé, hier, le lancement d'une « vaste opération de dépistage » du nouveau coronavirus dans les Ehpad (…). Il s'agit de «tester tous les résidents et tous les personnels à compter de l'apparition du premier cas confirmé (…) au sein de l'établissement», ce qui «permettra de regrouper les cas positifs au sein de secteurs dédiés (…) pour éviter la contamination des autres résidents», a précisé le ministre. Mieux vaut tard que jamais ! Entre un régime chinois cadenassant à grande échelle l'information, jouant à fond la carte des dissimulations mensongères, et les omissions d'un gouvernement français dépassé par l'ampleur de la catastrophe au sein de ses établissements d'hébergement pour les personnes âgées dépendantes (Ehpad), que dire alors pour les pays arabes ou africains où la non-fiabilité des chiffres officiels et l'opacité de ses décideurs/gouvernants font tâche d'huile?