Les perspectives du dinar dépendent de l'import et de l'export, et la convertibilité totale aura un impact important sur le marché boursier, ce qui favorise l'investissement C'est autour de la réforme du marché de change et les défis conjoncturels et de liquidité, ainsi que les décisions majeures que compte prendre la Banque centrale dans un futur proche que le séminaire annuel de l'Amen Bank a été organisé, mardi au siège de la banque, qui a présenté, à cette occasion, de nouveaux outils et produits. Concernant le manque de liquidité dont souffrent les entreprises et les banques tunisiennes, le directeur exécutif et directeur central du marché des capitaux d'Amen Bank, Hatem Zaara, a affirmé que la banque préconise des changements au niveau du marché de change. «Nous avons proposé que pour les entreprises exportatrices, le calcul de la contre-valeur en dinar soit effectué le jour-même et non selon la règle des 48 heures», a-t-il indiqué. Et d'ajouter que pour le taux de change du dinar, plusieurs entreprises, sous la pression du manque de liquidité et des crises répétitives dans le marché de change, optent pour une couverture avec des prix qui ne sont pas compétitifs. Ces entreprises, a-t-il expliqué, restent sous la pression du court de change à terme, qui est non compétitif dans ce cas, ce qui engendre des pertes, puisqu'elles effectuent des opérations précipitées par peur de voir la valeur du dinar dégringoler davantage. «Aujourd'hui, nous donnons la solution à ce problème, en ce sens que Amen Bank prend en charge une partie de la gestion de ces risques, et ce, en les conseillant sur la valeur à couvrir et en présentant une appréciation du prix de change à terme. Nous avons proposé un nouveau produit de placement à très court terme, l'Optimax. Et au lieu des dix jours conventionnels comme période minimale pour les produits de placement sur la place, les certificats de dépôt, notre produit propose sept jours seulement. Aussi, nous avons évoqué la nouvelle ligne de crédit proposée par la BEI avec des taux préférentiels et destinée principalement au financement des entreprises tunisiennes. C'est l'une des solutions pour répondre au besoin en liquidité des entreprises performantes. Notre tout nouveau et innovant produit c'est la plateforme électronique de change, @menfx, qui est la première du genre en Tunisie. Nous avons ainsi atteint les standards internationaux en la matière. Le marché de change est devenu accessible de partout avec les prix et toutes les analyses et prévisions. Pour la première année de cette plateforme, l'abonnement sera gratuit», a enchaîné le directeur central des marchés des capitaux. Et on croit savoir qu'une autre nouvelle ligne de crédit de la Banque Européenne de Reconstruction et de Développement sera lancée prochainement avec l'Amen Bank. Finance islamique et convertibilité totale en solutions En ouverture du séminaire, le président du directoire d'Amen Bank, Ahmed Karam, a exprimé l'intérêt de sa banque aux finances islamiques. M. Karam a indiqué que l'Amen Bank a déposé à la Banque centrale de Tunisie (BCT) une demande pour l'agrément d'une banque islamique. Mais avec le chantier de la réforme bancaire, la BCT n'a pas encore pris de décision pour donner soit une fenêtre islamique, soit une autorisation pour une filiale, a-t-il précisé. «Nous sommes décidés à nous adonner à la finance islamique comme étant un vecteur de développement de la banque, mais surtout un vecteur qui répond à un besoin exprimé fortement par une grande frange de clientèle et population tunisiennes», a-t-il affirmé. Interrogé par un journaliste sur le délai que prendra la BCT pour répondre, Ahmed Karam a déclaré qu'il serait difficile que cette dernière communique une réponse à la banque avant l'adoption de la réforme bancaire par l'ARP. L'une des questions majeures de la conjoncture économique et financière actuelle est celle de la convertibilité totale du dinar. Selon M. Zaara, la conjoncture difficile et le manque de liquidité n'empêchent pas de prendre des décisions importantes de ce genre. D'ailleurs, on estime que les réformes profondes sont toujours effectuées dans les temps de crises. «On a parlé d'amnistie de change, amnistie fiscale, et pourquoi pas aller vers l'instauration de la convertibilité comme une règle générale. C'est une bonne option pour récupérer une bonne partie de la liquidité circulant à l'étranger», a-t-il souligné. Et de commenter les risques d'un glissement grave de la valeur du dinar : «Aujourd'hui, avec l'existence des teneurs du marché, auxquelles la Banque centrale a attribué certaines responsabilités, je vois mal une dégringolade du dinar du moment qu'il n'est pas une monnaie de spéculation. C'est ce genre de décision très importante, la convertibilité totale, qui provoque le choc, encore attendu, auprès de l'investisseur tunisien pour qu'il réinvestisse en Tunisie. C'est au gouvernement de prendre cette décision qui n'engendrera pas de risques et le marché de change peut s'adapter à cette nouvelle donnée. Après la création du marché de change domestique, il y a 22 ans, qui est l'une des grandes réussites en Tunisie, actuellement, il ne reste que la décision concernant la convertibilité du capital et je pense que c'est l'occasion de la prendre. Et encore on aura la possibilité d'intervenir, mais la règle serait la convertibilité et l'exception serait la réglementation. C'est une décision qui serait à l'étude chez le gouvernement et il va falloir du courage pour la prendre pour améliorer le comportement de l'investisseur tunisien avec les marchés internationaux. Les perspectives du dinar dépendent de l'import et de l'export et la convertibilité totale aura un impact important sur le marché boursier, ce qui favorise l'investissement». M.Zaara affirme que les exportations de l'huile d'olive et des dattes ont sauvé le marché en l'approvisionnant de liquidité dans un moment où tous les indicateurs étaient au rouge. «Il faut que l'économie réelle reprenne le relais à travers les exportations du phosphate, du pétrole et celles des industries mécaniques, et ce, à partir de la fin du mois d'avril. En termes de cycles, cette période sera le début du manque de liquidité...»